Pourtant, même avec le mode de scrutin actuel qui a le mérite d’amplifier les majorités relatives, contrairement à la proportionnelle, qui devrait être introduite, le nouveau locataire de l’Elysée a de quoi douter : les poids relatifs des courants de Madame Le Pen et de MM. Mélenchon et Bayrou sont suffisants et pour qu’ici et là aient lieu des triangulaires et surtout pour que ces minorités plus que visibles soient démocratiquement représentées à l’Assemblée Nationale.
Du coup, le risque existe que la majorité présidentielle ne soit pas absolue mais simplement relative. Ce n’est pas un drame. Mais c’est un handicap. En revanche, croire que nos compatriotes puissent faire le choix d’une cohabitation en élisant une chambre de droite comme le laissent entendre quelques caciques d’une UMP fragilisée relève du fantasme.
Les rapports de force, en démocratie, sont extrêmement importants. Il serait donc sans doute sage qu’ayant déjà presque tous les pouvoirs, y compris le Sénat, la gauche républicaine ne détienne pas nécessairement toutes les clés, au risque de museler complètement toute opposition constructive, au risque, également, de voir surgir des réactions extrêmes en cas d’alternance à l’échéance du mandat du nouveau président.
Il est regrettable que le PS ait un engagement avec les écologistes – grands perdants du scrutin présidentiel de cette année – car il n’a guère besoin d’eux pour gouverner et traiter sérieusement les questions de protection de l’environnement et de développement durable. L’écologie politique, qui n’a pas rencontré d’écho, devrait logiquement céder la place à celle qui est légitime et qui peut faire avancer l’industrie comme la gestion des ressources rares : l’écologie scientifique, incarnée par de nombreuses personnalités, des partis politiques comme de la société civile.
Au soir du second tour de ces élections législatives, il est possible donc que soit remanié le gouvernement de M. Jean-Marc Ayrault, si tant est que les équilibres démocratiques lui imposent de pratiquer l’ouverture. Ce qui serait l’intérêt national, compte tenu des problèmes passés et des embuches qui l’attendent.
La pratique de l’ouverture est cependant un exercice difficile. Il vaut mieux lui substituer une grande coalition nationale qui soit telle qu’elle représente une large majorité de nos concitoyens, conférant à celle-ci une légitimité, suffisante, pour relever les grands défis auxquels nous sommes confrontés, aujourd’hui et, a fortiori, ceux de demain.
A de nombreuses reprises, dans le passé, la société civile a tenté de « mettre sa patte » sur la vie publique. Avec plus ou moins de bonheur. Sans doute les choix de ces personnes étaient-ils critiquables pour déboucher, comme ce fut souvent le cas, sur un véritable « lynchage » de ces personnes, pourtant pleines de bonnes intentions, et qui, au moins, apportaient, outre la connaissance et le bon sens, bien souvent de rares expertises.
Les conditions aujourd’hui sont à nouveau réunies pour tenter d’aller ici et là recruter des talents qui ne seraient pas, politiquement, étiquetés. Le recours à des postes opérationnels de talents incontestables, issus de la société civile, permettrait de réconcilier les Français avec la politique et de permettre à celle-ci de se moderniser en se remettant en question, en profondeur.
Les vieux clivages ont disparu. Les extrêmes que l’on pointe du doigt, sont des catalyseurs protestataires, mais ne représentent pas les dangers que l’on voudrait, avec des arrière-pensées spécieuses, nous brandir comme des épouvantails qui n’ont, à gauche comme à droite, rien à voir ni avec Staline ou Lénine, ni avec le « Führer » du IIIème Reich.
La campagne électorale va être courte. Très courte. Trop courte. Les électrices et les électeurs vont donc devoir choisir parmi les candidats de ces machines de guerre que sont les grandes formations politiques, sans laisser la place au débat, à la réflexion, aux questions de Société, autant de choses que l’on nous a déjà confiquées pour le combat pour l’Elysée alors qu’un grand rendez-vous démocratique, ça ne se manque pas …
Bernard Marx