Les communes, propriétaires des réseaux de distribution d'électricité dont elles ont confié la gestion à EDF depuis 1946, se plaignent du manque de visibilité sur l'état de leur patrimoine et de la baisse des investissements.
Ceux-ci ont décru et sont en effet passés de 49 à 40 millions d'euros par an entre 2002 et 2006 tandis que le temps de coupure s'est accru, sur la même période, de 18 à 32 minutes par an, regrette Étienne Andreux, directeur général du Sipperec qui parle de "sous-investissement" et d'un risque d’ "augmentation des coupures".
En revanche, EDF, de son côté, tient à rassurer : "la baisse des investissements, c'est du passé" affirme Marc Bussiéras, directeur en charge du réseau de distribution de l’Île-de-France.
Ils seraient, selon lui, repartis à la hausse en 2006 avec en outre une tendance qui se confirmerait dans les années à venir.
Même chose pour le temps de coupure qu'EDF dit vouloir maintenir "autour de 20 minutes par an, un très bon niveau au regard des résultats des distributeurs en Europe", et dont une partie de l'augmentation s'explique par la panne géante qui a frappé l'Europe du Nord en novembre dernier.
Les arguments de l’un ne satisfont guère l’autre : "si, telle année, EDF vend moins d'électricité, elle sera tentée d'investir moins dans les réseaux de distribution pour conserver de bons résultats", redoute encore Étienne Andreux qui s’inquiète notamment de comment EDF a classé les renouvellements devant intervenir avant et après 2019
Globalement, le patrimoine pose un gros problème de fiabilité, alors que le syndicat en est propriétaire.
Étienne Andreux veut placer le débat à un autre niveau : "il faut qu'on débatte des investissements électriques, comme on le fait en matière de transport quand on décide d'un RER, plutôt que d'un tramway ou autre. C'est dans ce contexte que le syndicat d'électricité de l Île-de-France réclame des comptes de concession "individualisés", comme le prévoit le contrat signé avec EDF en 1995, pour contrôler ce que fait le concessionnaire à l'échelle locale.
Christian Escallier, directeur général du cabinet Klopfer, conseiller du Syndicat, affirme et regrette qu’ "EDF ait tendance, non pas à localiser l'information comptable, mais à la globaliser à l'échelle nationale ou régionale".
Chez EDF, où l'on dit "comprendre les préoccupations parfaitement légitimes du Sipperec et vouloir y répondre", l'analyse de l'étude est en cours.
Bref, après avoir fait une confiance aveugle à EDF pendant des décennies, les collectivités locales se rebiffent ; elles veulent "rééquilibrer" une relation qu'elles ont longtemps délaissée et exercer un véritable rôle d'autorité concédante.
Car le cas du Sipperec n'est pas isolé.
D’ailleurs, la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) s'est, elle aussi, emparée du sujet.