La recomposition après des ruines aussi importantes, après une secousse tellurique aussi forte, ne peut se faire d’un simple claquement de doigts.
Toute construction d’un socle solide de nature à exercer des responsabilités d’Etat demande du temps, exige de la discipline, impose que ceux qui, un jour, se sont fait battre, fassent leur aggiornamento.
La perspective très proche des élections municipales suscite espoirs et ambitions dans un camp là où le moral descend dans les chaussettes de l’autre.
Pour autant, il serait dangereux et de parier sur une politisation excessive d’un scrutin local et sur les conséquences nationales d’une distribution nouvelles des cartes au sein des 36.000 communes de notre pays, des communes petites et grandes dont les projets, les desseins et les ambitions dépassent le plus souvent les traditionnels clivages politiques.
Après avoir convolé en juste noce, le chef de l’Etat cessera sans doute de se mettre en scène et d’alimenter prioritairement les éditeurs de la presse « people ». Quant à ceux qui prêtent à certains médias réputés être proches du pouvoir, les faits, c’est-à-dire les résultats financiers de 2007 tout récemment publiés, viennent leur rappeler s’il en était besoin que ces allégations étaient mensongères. Sinon le Figaro n’aurait pas accusé une perte colossale de plus de 10 millions d’euros.
En réalité, les centres de décision et de pouvoirs se déplacent. Les « rois du cash » ont, désormais, toute latitude pour imposer leurs vues. La presse et plus généralement l’information s’en trouvent banalisés au point que seuls tirent leur épingle du jeu ceux qui acceptent les conditions et clauses, non écrites, des grands annonceurs.
Sur cette base malsaine qui remet en cause l’indépendance pour cause de besoins en argent frais qui n’ont jamais été aussi importants, certains ont déjà perdu leur âme. D’autres suivront.
Il est donc à craindre que la recomposition que l’on nous annonce – et que chacun espère – ne se fasse non sur des idées, des valeurs, des projets de Société mais uniquement sur des critères « économiques et financiers ».
Notre pays tout comme d’ailleurs l’ensemble de l’Union européenne a besoin d’autre chose que cela pour consolider ses positions vis-à-vis de ses grands compétiteurs que sont l’Amérique et les grands pays émergents de l’Asie.
La fièvre a gagné nos économies et nos entreprises, a secoué les marchés boursiers, une fièvre qu’il nous faudrait soigner, pour ses causes, plutôt que de concentrer discours et budgets sur la lutte contre le réchauffement climatique ou le concept encore fumeux du développement durable.