Non, c’est certain, nos compatriotes n’ont rien contre la politique de la main tendue : faire passer un message clair au chinois pour que cesse la situation des tibétains, directement ou par le biais du Dallai Lama ne peut que rendre notre peuple plus fier encore d’avoir contribué à davantage de justice et de démocratie dans le monde mais au-delà de nos paroles chacun sait bien que d’actes il n’y aura point.
Non, personne n’a d’inimitié particulière à l’endroit de ceux qui passent leurs vacances de luxe à bord de voiliers chics au large de la Somalie mais à quoi bon négocier quoi que ce soit avec ces pirates modernes des eaux internationales, pirates qui ne font que s’attaquer à des biens privés pour les rançonner comme ce fut toujours le cas siècle après siècle ! A quoi bon arraisonner un navire ? Sinon pour le défaire ? A quoi bon mobiliser nos moyens techniques, humains, militaires, stratégiques, pour assure la défense de quelques heureux vacanciers pour lesquels la roue a tourné ?
Non, pas davantage, les Françaises et les Français n’ont de sentiment ou d’affection pour ce qui est devenu presque une cause nationale : le cas particulier d’Ingrid Betancourt, prisonnière des FARC (les forces armées de la révolution communiste) dans une jungle hostile au milieu de centaines d’autres captifs pour des raisons politico-économiques. Tant de moyens déployés, tant de secours humanitaires, tant d’efforts diplomatiques, tant de discussions avec des rebelles marxistes pour sauver UNE femme symbole sans autre garantie pour tous ses amis retenus également sur place, cela laisse un arrière-goût amer et saumâtre dans la bouche. Les intérêts de la France dans cette partie du monde sont bien moins importants qu’ils ne peuvent l’être en d’autres endroits souvent délaissés, à commencer par certaines zones et certains quartiers de l’Hexagone …
Evidemment, l’avantage médiatique consistant à déplacer les centres d’intérêt ailleurs que dans les lieux d’une légitime préoccupation présente bien des avantages politiques qui, en plus, sont épaulés par l’opposition parlementaire et par toutes les ONG humanitaires qui se respectent.
Mais tel n’est pas le centre du débat : il se situe chez nous, en termes de pouvoir d’achat, de réformes, de modernisation de l’économie comme des rouages de l’Etat, de défense de nos intérêts supérieurs dans le cadre des négociations internationales qui touchent au travail, au commerce, à la santé publique, à la défense de valeurs et traditions séculaires qui forment le socle de notre civilisation.
A force de traiter les questions et les problèmes de cette manière, avec deux poids et deux mesures, l’on prend le risque de ne plus pouvoir arrêter ce mouvement de rejet qui apparemment s’est déplacé d’une extrême-droite moribonde vers une gauche de la gauche, révolutionnaire et prospère.
Les paroles comme les actes des uns et des autres, de la majorité comme de l’opposition, ne militent pas en faveur d’un nécessaire recentrage qui ferait de notre société un modèle de social-démocratie moderne dans le Vieux continent.
C’est de cette dérive qu’il convient de parler et contre laquelle il nous faut nous battre. Maintenant.