Selon le commissaire européen à l’emploi, aux affaires sociales et à l’inclusion, M. László Andor, «la crise sociale que traverse l’Europe continue de s’aggraver. Dans un certain nombre d’États membres, aucun signe d’amélioration tangible n’est en vue. Les personnes les plus pauvres ont très souvent été les plus sévèrement touchées. Les gouvernements doivent investir pour renouer avec une croissance inclusive et offrir aux citoyens des conditions de vie décentes. Le train de mesures sur les investissements sociaux récemment adopté par la Commission suggère des moyens dans ce sens. Mais ce dont nous avons besoin avant tout, c’est d’une plus grande solidarité, à la fois entre les pays et à l’intérieur de chacun d’eux. Nous ne surmonterons cette crise que si nous restons unis.»
Le chômage a continué d’augmenter en janvier 2013. Il touche maintenant 26,2 millions de personnes dans l’Union (19 millions dans la zone euro), soit 10,8 % de la population active (11,9 % de celle de la zone euro). L’écart en matière de chômage entre, d’une part, le sud et la périphérie et, d’autre part, le nord de la zone euro a atteint 10 points de pourcentage en 2012, un niveau sans précédent. Le PIB de l’Union a affiché un recul de 0,5 % au quatrième trimestre 2012, le plus important depuis le début de l’année 2009. Le taux d’emploi total s’est contracté de 0,4 % en 2012; rien qu’au quatrième trimestre, il a diminué de 0,2 % par rapport au trimestre précédent.
Les dépenses de protection sociale baissent plus rapidement que lors des crises économiques précédentes
Les restrictions budgétaires ont eu pour effet direct une compression des effectifs de la fonction publique et pour effet indirect une baisse de la demande macroéconomique agrégée. L’évolution des systèmes de prélèvements et de prestations et les baisses de salaires dans la fonction publique se sont traduites par une importante diminution des revenus réels des ménages et une dégradation des conditions de vie des foyers à faibles revenus. La réduction des dépenses et l’augmentation des impôts ne se sont pas répercutées de la même manière sur les catégories à hauts revenus et celles à bas revenus. L’analyse montre qu’une élaboration minutieuse des réformes budgétaires est essentielle pour éviter une pénalisation disproportionnée des plus pauvres, comme cela a été le cas dans certains pays (l’Estonie et la Lituanie, par exemple). La proportion des ménages de l’Union faisant état d’une situation de détresse financière reste largement supérieure à ce qui a pu être observé au cours de la précédente décennie. Près d’un ménage à bas revenus sur quatre connaît une telle situation.
Les dépenses de protection sociale ont joué un rôle capital en compensant les pertes de revenus des ménages au début de la crise et ont contribué à stabiliser l’économie. Leurs effets se sont estompés au milieu de 2010 pour devenir négligeables en 2012, même dans les pays où le chômage continuait de progresser. Cette diminution des dépenses sociales a été beaucoup plus forte que lors des récessions passées, ce qui reflète en partie l’ampleur de l’assainissement budgétaire nécessaire dans le contexte de la crise de l’euro. Elle a neutralisé la fonction de stabilisation économique des systèmes de protection sociale dans de nombreux États membres et a peut-être contribué à aggraver la récession, du moins à court terme.
Le Conseil européen de mars 2013 a confirmé que la lutte contre le chômage et les retombées sociales de la crise restait une priorité essentielle des politiques européennes et nationales. En février 2013, la Commission a présenté un train de mesures sur les investissements sociaux qui fournit aux États membres des orientations pour l’élaboration de politiques sociales plus efficientes et plus efficaces destinées à vaincre les difficultés majeures auxquelles ils se heurtent (voir IP/13/125, MEMO/13/117, MEMO/13/118 et SPEECH/13/141). Elle rappelle que les investissements publics dans les services de garde d’enfants, l’éducation ou le soutien au vieillissement actif et en bonne santé, par exemple, doivent être maintenus ou accrus, même lorsque les budgets nationaux sont limités. En effet, sans ces investissements, de nombreuses personnes se voient dans l’incapacité de participer à la vie de la société ou de développer leur potentiel économique.
Le taux de chômage et d’inactivité des jeunes à un plus haut historique
Non seulement le chômage des jeunes a atteint un nouveau sommet dans l’ensemble de l’Union (23,6 % des jeunes actifs étaient sans emploi en janvier 2013), mais sa durée tend à s’allonger: 7,1 % des jeunes étaient au chômage depuis plus d’un an au troisième trimestre 2012, contre 6,3 % un an plus tôt. Cette situation est particulièrement problématique dans la mesure où ces individus se coupent du marché du travail et de la société dans son ensemble. La proportion croissante de jeunes de moins de 25 ans n’occupant aucun emploi et ne suivant ni études, ni formation (proportion représentant aujourd’hui environ 8 millions de personnes) est également très préoccupante.
Afin de lutter contre ces niveaux inacceptables de chômage des jeunes, la Commission a présenté le 5 décembre 2012 un paquet «Emploi des jeunes» (voir IP/12/1311, MEMO/12/938 et SPEECH/12/910). Il s’agit d’une proposition de recommandation pour l’introduction dans chaque État membre d’une Garantie pour la jeunesse en vertu de laquelle tous les jeunes jusqu’à l’âge de 25 ans se verraient proposer une offre de qualité portant sur un emploi, un complément de formation, un apprentissage ou un stage dans les quatre mois suivant leur sortie de l’enseignement formel ou la perte de leur emploi. Le Conseil des ministres est parvenu à un accord politique sur cette recommandation le 28 février 2013 (voir MEMO/13/152). En outre, la Commission a récemment proposé des dispositions opérationnelles afin de mettre rapidement en œuvre l’Initiative pour l’emploi des jeunes (voir IP/13/217). Cette initiative a été proposée lors du Conseil européen des 7 et 8 février 2013 et bénéficie d’un budget de six milliards d’euros pour la période 2014-2020.
La crise porte un coup à la natalité
La Revue trimestrielle analyse également l’effet pervers de la crise sur la fécondité. Depuis 2009, l’indicateur a arrêté de progresser pour se stabiliser à un niveau légèrement inférieur à 1,6 enfant par femme dans l’UE-27. L’âge moyen des femmes à l’arrivée du premier enfant continue de reculer et s’établit à 30 ans. L’espérance de vie continue quant à elle d’augmenter: elle est de 77,4 ans pour les hommes et de 83,1 ans pour les femmes. L’immigration en provenance des pays tiers a ralenti depuis le pic atteint en 2007. L’UE-27 a néanmoins connu en 2011 une arrivée nette d’immigrants d’un demi-million de personnes, soit l’équivalent d’un immigrant pour mille habitants. Le nombre d’acquisitions de nationalité est en augmentation et atteint presque le million. Les défis à plus long terme que représentent la contraction et le vieillissement de la main-d’œuvre pour les marchés de l’emploi de l’Union ne doivent nullement être sous-estimés.