Les effets de la crise financière mondiale, les turbulences émanant de la zone euro et la faiblesse de la demande intérieure risquent de prolonger la période de ralentissement de l’activité. Ce qui pourrait limiter le potentiel de croissance du pays sur le long terme et aggraver les pressions sociales.
Lors de la présentation de cette étude, à Londres, le Secrétaire général de l’OCDE, M. Angel Gurría, a cependant exprimé la conviction que l’économie du Royaume-Uni a la capacité de rebondir avec le temps, à condition que des politiques propres à renforcer la croissance continuent d’être suivies.
Le rapport considère que la politique monétaire est un instrument primordial de soutien de l’économie à court terme, mais souligne également que le plan budgétaire du gouvernement, la crédibilité qu’il a acquise de haute lutte sur les marchés financiers et la solidité des institutions permettent la flexibilité d’adapter l’action publique à une croissance inférieure aux prévisions. Il y a lieu d’accepter une réduction plus lente que prévu du déficit afin d’amortir le choc et d’aider les ménages à traverser une phase difficile. Selon cette étude, il convient de ne pas compenser un ralentissement temporaire en ajoutant des hausses d’impôts ou de nouvelles coupes budgétaires à celles qui sont déjà prévues.
Il est toutefois jugé indispensable d’assainir les finances publiques à moyen terme. En dépit d’une situation économique difficile, le plan gouvernemental a conduit à une réduction sensible du déficit public, mais celui-ci représente toujours plus de 8 % du PIB (à l’exclusion des dépenses exceptionnelles), et le ratio dette publique-PIB dépasse 80 %.
PourcentagePIB réel, croissanceVariation par rapport à la même période de l'année précédente201220132014DEUUSAFRAJPNGBREUROOCDECHN-2.502.557.510Source: Perspectives économiques de l’OCDE No. 92 (base de données)
Le rapport souligne qu’il importe de mettre en œuvre la bonne combinaison de réformes structurelles pour assurer une reprise durable. « L’assainissement budgétaire doit s’inscrire dans un vaste ensemble de mesures qui soient également de nature à promouvoir la croissance. Il est crucial que la Grande-Bretagne poursuive ses réformes structurelles pour être plus forte, plus solidaire et plus prospère », a déclaré M. Gurría.
L’étude économique expose, dans les grandes lignes, les actions à mener pour faire reculer les inégalités, notamment par l’augmentation du nombre et de la qualité des emplois, l’investissement dans les compétences et l’amélioration de la protection sociale. Parmi les recommandations qu’elle formule figurent des mesures visant à lutter contre la pénurie de compétences, à faciliter la transition des études au marché de l’emploi et à inciter plus fortement les bénéficiaires de prestations à reprendre un travail.
· S’agissant des programmes de formation et d’apprentissage destinés aux jeunes, une meilleure coopération s’impose entre les organismes publics et les employeurs, en particulier dans les petites entreprises. La coopération doit être améliorée aussi entre les entreprises, les établissements d’enseignement supérieur et les autorités locales, afin d’intégrer plus efficacement les jeunes diplômés dans le marché du travail.
La réforme de la protection sociale fondée sur le « Universal Credit » devrait permettre de renforcer les incitations à travailler pour les parents isolés et les personnes susceptibles d’apporter un second revenu dans le ménage, par exemple en augmentant le taux de remboursement des frais de garde d'enfant.
Les politiques actives du marché du travail doivent aller de pair avec les réformes structurelles propices à la croissance. Il importe que la productivité du Royaume-Uni, aujourd’hui en repli, reparte à la hausse. Des réglementations trop restrictives concernant l’aménagement du territoire, de même que des investissements insuffisants dans les activités de recherche et développement et dans les infrastructures productives, comme le transport et l’énergie, sont autant d’obstacles à la croissance.
L’étude estime qu’un assouplissement judicieux des réglementations d’urbanisme pourrait relancer l’industrie du bâtiment, créer des emplois, rendre les logements plus abordables et encourager l’investissement. D’autres recommandations sont formulées, notamment :
Revoir les règles fiscales susceptibles d’entraver la croissance des entreprises, comme le régime préférentiel appliqué aux petites entreprises, qui pourrait dissuader des entités très productives de se développer.
Continuer d’améliorer l’environnement des entreprises et fournir une aide publique aux exportations.
Soutenir l’enseignement supérieur comme produit d’exportation et éviter les restrictions trop sévères sur les visas étudiants.
Promouvoir la croissance verte. Il faudrait instaurer un péage routier sur les routes les plus encombrées, puis l’étendre progressivement à d’autres axes surchargés. Il est également proposé de s’orienter vers une tarification uniforme du carbone pour tous les secteurs et les combustibles.
M. Gurría a par ailleurs salué l’engagement du Royaume-Uni à coopérer avec l’OCDE afin d’éviter l’érosion de la base d’imposition et les transferts de bénéfices. Il s’agira de réexaminer et de renforcer les règles et les normes en matière de fiscalité internationale. Un rapport de l’OCDE sera présenté au G20 la semaine prochaine.