L’ouverture ? Elle constitue, à l’évidence, une habile manière de se démarquer de modes de gouvernance par trop monolithiques mais elle vient aussi de fait souligner l’insuffisance de talents dans toutes les familles politiques.
La frustration est grande chez celles et ceux qui y croyaient et elle l’est encore davantage chez les opposants qui risquent, désormais, de faire une lecture erronée des chiffres et surtout de l’inflexion du parti présidentiel au profit des autres formations dont le FN qui revient à un niveau très élevé alors que chacun croyait le parti du vieux timonier clodoaldien en déliquescence après le « kidnapping » opéré par Nicolas Sarkozy et ses amis en 2007.
Au fond, personne n’est satisfait et il y a de quoi. La crise est passée par là. L’Europe déçoit. L’insécurité augmente. Les inégalités se creusent. Celles-ci sont de plus en plus difficiles à dissimuler. Les gros salaires sont montrés du doigt. Les « nantis » en possession d’un contrat de travail s’y cramponnent voyant le chômage s’envoler et les défaillances d’entreprises se multiplier.
Tenter tout ce que les prérogatives que prévoit notre Constitution pour les pouvoirs exécutif et législatif semble sans effet sur le destin d’un pays, d’une nation qui serait, qui plus est, en quête d’identité.
La situation est grave. Elle impose autre chose que des réformes à la hussarde initiées par un monarque républicain, certes doté de réels talents en particulier pour sa communication et son image personnelles, mais qui par son omnipotence politique désormais fait davantage qu’agacer.
Le courant ne passe plus. Les citoyens, dans leur grande majorité, souffrent, consciemment ou non, d’un sentiment d’abandon au profit d’une élite d’un nouveau genre.
La photographie de ce scrutin n’est finalement que le résultat d’un style et d’une méthode ne relevant que d’un homme. Bien davantage qu’un jugement gouvernemental. Bien au-delà d’enjeux régionaux encore abstraits et peu mobilisateurs.
En revanche, faire une pause dans les réformes, des réformes impérieusement nécessaires et qui n’ont que trop attendu, constituerait une grave erreur dans un contexte de mutation qui exige plus que jamais réactivité et flexibilité. Il faudrait donc accélérer et aller encore plus vite, encore plus loin.
Mais avec ses institutions presque obsolètes et à plusieurs reprises transformées, le pays n’est pas doté des outils lui permettant d’accélérer le pas. Les dérives sont nombreuses et l’ire populaire plus forte que jamais. En tirer les conséquences reviendrait à renoncer au programme et aux promesses de 2007 qui ne sont d’ailleurs plus tenables. L’exécutif n’est plus en phase avec la majorité de nos concitoyens et les parlements sont déchirés de l’intérieur et vertement critiqués de l’extérieur.
Exit Darcos ? Nos compatriotes s’en moquent. Exit la taxe carbone ? Seuls les intégristes de l’écologie politique y verront un inconvénient que la Secrétaire d’Etat se devait de ne pas souligner.
Bernard Marx