
La question porte sur le Français Dominique Strauss-Kahn, candidat de l'Union européenne à la direction générale du Fonds monétaire international (FMI), qui avait très tôt entamé à Washington une campagne internationale pour obtenir ce poste auquel il était, jusqu’à la semaine passée, seul en lice.
La « touchante unanimité » de l’Union européenne sur cette candidature, celle de l’ancien ministre des Finances socialiste, une candidature soutenue sans ambigüité par le président de la République, n’a pas laissé les observateurs, les médias, les aigris des couloirs feutrés des institutions internationales inactifs et muets.
Les réactions, sibyllines, acerbes, empreintes de funestes arrière-pensées, se sont succédé, aux seules fins d’affaiblir la position d’un des meilleurs économistes de la planète, en particulier dans le contexte actuel de surchauffe par endroit où des mesures d’équilibrage s’avèrent plus que jamais nécessaires.
« Un mauvais candidat » pour les uns, « un costume trop large » pour les autres, les mots n’ont pas été assez durs ni entaché d’une vilénie d’un autre siècle pour tenter de discréditer le malheureux compétiteur des primaires socialistes de l’élection présidentielle.
Pourtant, lors de son passage à Washington, le candidat français a également rencontré le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, le président de la banque centrale américaine (Fed) Ben Bernanke ainsi que des conseillers du président George W. Bush, autant de personnalités qui toutes, unanimement, ont reconnu au Français de grandes qualités, celles nécessaires et suffisantes pour remplir le contrat qui pourrait lui être proposé dans le cadre d’une tradition qui prévoit que ce poste soit réservé à un européen, même si plusieurs nations, notamment les pays émergents, réclament l'abolition de cette règle non écrite et le droit de prendre à leur tour la tête de l'organisation dont ils sont aujourd'hui, avec les pays en développement, les principaux clients.
Antifrançais ou antisémite ?
Cette fronde politico-médiatique contre Dominique Strauss-Kahn mérite que l’on se posât la question de savoir si, comme c’était, si l’on peut dire, la « tradition » dans les années 60 à 80, écarter des postes à responsabilités toutes celles et tous ceux qui, de près ou de loin, pouvaient être suspects d’avoir des origines juives voire seulement des liens avec certains milieux sémites au mieux, sionistes, au pire ne serait pas toujours en vigueur.
La question est loin d’être innocente. Et l’on s’imagine déjà ceux à qui l’on pourrait opposer cet argument se draper dans une « nudité » de bon aloi qui ne ferait qu’apporter l’éclatante démonstration que cette hypothèse ne relève ni de l’imagination ni même d’une quelconque mythomanie ou mégalomanie.
Un arbitrage « déchirant »
Désormais, notre DSK national n’a, comme adversaire, qu’un communiste qui s’est rapidement employé à effacer son passé, qui s’est attaché à tenter de faire la démonstration qu’il avait changé alors que ses actes, pour ne pas dire exactions du régime auquel il appartenait, devraient avant même qu’il fût écouté par qui que ce soit,
le disqualifier. Purement et simplement.
Si cette nomination n’était pas d’importance, nos humoristes, chansonniers et imitateurs s’en seraient déjà emparés pour trouver, par le biais de leur fertile imagination, un candidat idéal qui pourrait cumuler les tares comme celles d’être à la fois noir, juif et communiste.
Mais malheureusement l’humour n’est pas, cette fois-ci, au rendez-vous. Et si, d’aventure, le candidat de l’Union européenne devait être écarté le moment venu, ce serait forcément pour des motif fallacieux et dans des conditions de nature à créer, pour le coup, une grave crise de confiance internationale qui ne ferait que confirmer les craintes exprimées par une majorité de grands pays développés, de grandes démocraties, des craintes jusqu’ici balayées du revers de la main par les autres au motif qu’elles ne seraient pas fondées …