Or, dans cette affaire, si l’on ne prend en considération que les paramètres objectifs et donc officiels et tangibles, il ne fait aucun doute que là où Patrick de Carolis était attendu il n’est pas venu. Plus grave encore, alors que France3 surtout mais également Fran ce2 et d’autres chaînes du groupe continuent d’avoir une réelle mission de service public, avec un devoir d’indépendance dont elles ne sauraient se départir, on ne constate qu’une course effrénée vers un modèle que l’actuel président de France Télévisions connaît bien puisqu’il vient de cette arène impitoyable où se livrent des batailles homériques entre les grandes chaînes privées généralistes à l’instar de TF1 ou M6.
Peu importe finalement de savoir si les arguments et analyses avancés par l’entourage élyséen sont pertinents et justes, la question est simplement de savoir comment – et non pourquoi – faire en sorte que le groupe public d’audiovisuel, victime au surplus d’un entrisme politisé sans précédent et sans comparaison avec n’importe quel autre groupe télévisuel d’une grande démocratie, peut fonctionner et vivre sans ressources publicitaires.
Les propos tenus par M. de Carolis sur l’antenne de RTL sont proprement insultants même si, de sa petite fenêtre, il juge son talent et celui de sa garde rapprochée insuffisamment reconnu.
« La télévision, c'est un métier, qui est fait par des professionnels (…) Il est bon qu'on laisse travailler les professionnels » a-t-il déclaré. Certes. Mais rien, jusqu’ici, n’a apporté la démonstration que les professionnels étaient du côté que l’on tenterait de nous faire croire.
Avec des salaires mirobolants pour animer des émissions sans intérêt ou des jeux affligeants de bêtise, les animateurs vedette voient effectivement d’un œil inquiet cette reforme qui se profile tout comme les vendeurs d’espace, en interne ou au sein des régies, qui vivent avec des revenus mensuels dodécatuples du SMIC en moyenne ! Plus les cadeaux, les voyages, les passe-droits, …
Le moment était venu, comme naguère il fut impérieusement nécessaire de « casser » l’ORTF, de briser cet étau devenu incontrôlé et incontrôlable, ce magma où règnent en seigneurs des amis d’amis surpayés et sous-employés.
Alors oui : ce que défend – d’ailleurs avec le soutien d’une gauche « bo-bo » qui ne se dissimule même pas – le patron de l’audiovisuel public est faux. Son comportement est stupide. Et son jugement sur les travaux comme les propositions des parlementaires, injuste.
C’est faire en effet peu de cas de la légitimité et du président de la République et de la représentation nationale que de faire ce genre de déclarations à l’emporte-pièce un peu à la manière de ce dernier cri que poussent les animaux sauvages aux abois.