L’ère de l’ultra-communication, ce grand village mondial dont on nous a rabâché les oreilles pendant la dernière décennie du XXème siècle, n’est plus un délire d’auteur de science fiction, mais une réalité concrète.
On peut désormais facilement et en quelques clics de souris s’adresser par l’écrit et par l’oral à son voisin de l’autre côté de la terre.
On peut même à plusieurs partager des discussions, comme au coin du feu, autour d’une thématique commune. Les forums, qu’ils soient de littérature, de voiture ou de n’importe quelle passion, réunissent parfois jusqu’à plusieurs centaines d’internautes. Les rencontres n’échappent pas à la règle. Courtiser ne se fait plus dans les lieux à la mode ou autour d’un verre mais draguer devient un sport du net !
Et peut être que justement c’est là que le bât commence à blesser ?
Parfois, pour les plus fragiles d’entre nous, l’expérience peut se révéler dramatique. Avoir des amis du net, comme on les appelle, est sans conteste une bonne chose, mais avoir des amis implique a minima de savoir reconnaitre nombre de valeurs communes qui ne soient pas uniquement basées sur le seul critère du partage d’un intérêt commun. Or ces mêmes personnes, fragiles, trop timides pour s’insérer dans leur milieu social de proximité, souffrant d’une agoraphobie trop marquée ou de n’importe quelle autre pathologie sociale, que font-elles ? Elles passent leur temps et leur frustration sur le net. Elles se coupent d’une réalité pour une chimère. Elles essayent malgré tout d’exister, mais dans une image travestie, faussée, de la réalité de ce qu’elles sont. Se faire passer pour autre chose que ce que l’on est, est facile. Quelques omissions sur soi, un peu de poudre aux yeux dans le fil de la discussion… Rien de plus aisé quand personne n’est à côté pour vérifier de visu les mimiques et signaux physiques de celui ou celle qui ment.
Nous créons nos propres travers en favorisant une forme de communication qui ne devrait rester qu’un pis-aller, et un pis-aller qui de surcroit ne devrait être accessible qu’à ceux qui sont capables de manier cet outil. Ce qui exclue les geeks, ces adolescents maladifs, passant un nombre d’heures incalculable devant leur écran, généralement souffrant d’un complexe d’exclusion d’une société qui, il est vrai, n’est pas toujours tendre.