Mais le vote a eu lieu, sans incident, détachant nettement Madame Royal de ses deux compétiteurs. La question sera de savoir si, comme l’affirme le Premier ministre, cette démarche n’est pas intervenue trop tôt, rappelant à ceux qui l’auraient oublié le décalage entre le vote des militants pour le Traité européen et les résultats analysés à la loupe …
A droite, François Bayrou, qui certes a compris qu’une grande coalition nationale résoudrait bien des problèmes, ne décolle pas dans les sondages, d’opinion comme d’intentions de vote. Du coup, au sein de l’UDF, certaines s’élèvent, timidement, pour envisager que ce « désamour » puisse être tout simplement lié à la personne même de M. Bayrou plutôt qu’à ses idées. Il est malheureusement trop tard pour tendre une main qui aurait pu être saisie, alea jacta est.
De la même manière, au sein de l’UMP où Nicolas Sarkozy part avec un capital confiance énorme et une avance très importante, le fait d’instiller au sein de ce mouvement une « démocratie à la PS » ne semble pas être à l’ordre du jour, un effort qui pourtant aurait réconcilié certains électeurs avec la famille politique que gouverne l’actuel ministre de l’Intérieur.
En effet, La possible candidate à la présidentielle Michèle Alliot-Marie, qui a sévèrement critiqué l'organisation du premier forum de l'UMP, "pourrait refuser" de participer aux prochains débats, a affirmé lundi dernier, son compagnon, le député Patrick Ollier, en insistant sans détour sur le fait qu’ « Il faudrait revoir complètement les conditions d'organisation si l’on veut que Michèle Alliot-Marie participe au deuxième débat à Lyon. Je le dis clairement, elle pourrait refuser le deuxième débat ».
La même stratégie que Ségolène ?
C’est là faire peu de cas des différences nettes et incontestables entre ces deux représentantes de la gent féminine qui pourraient briguer la magistrature suprême.
En effet, Michèle Alliot-Marie a du talent, beaucoup de talent ; elle a aussi des idées et des convictions. Personne n’a pu rester indifférent à ses arguments exposés clairement et pacifiquement contre la « discrimination positive » ! Personne ne peut lui opposer son éventuelle faiblesse dans un combat pour lequel elle semble préparée, sans doute mieux que bien d’autres, notamment parmi les quelque trente-huit prétendants recensés à ce jour, toutes formations et origines confondues.
Mais revenons au ministre de la Défense : le forum, organisé samedi dernier à La Défense, ne lui a pas permis d'exprimer clairement ses idées. Elle avait d’ailleurs adressé la même critique, dimanche, affirmant que les règles du débat avaient été modifiées "au dernier moment" !
Il set dès lors normal qu’elle indique avec la fermeté ad hoc que "si les débats ne devaient pas apporter quelque chose, je ne vois pas pourquoi j'y participerais".
La loi sur le financement des partis politiques est responsables de bien des errements de notre démocratie surtout lorsqu’il s’agit de « loger » quelqu’un à l’Elysée puisqu’il s’agit-là d’un scrutin, dans nos institutions de la Vème République, qui est, rappelons, une « alchimie » entre une personne et le peuple, alchimie devenue quasi impossible sans le soutien financier des partis qui eux-mêmes dépendent largement des deniers publics. En clair, toute surprise et toute indépendance sont de fait éliminées. Dommage … Car à gauche, DSK aurait sans doute pu l’emporter avec bien des voix de la droite modérée pour son modèle social-démocrate comme Madame Alliot-Marie eût pu rassembler bien au-delà des chiraquiens, au nom de la restauration des valeurs de la République, sans renier ni son passé, ni ses engagements.