Les questions de société, animées par deux journalistes plutôt incisifs même si tout était mis en scène et préparé soigneusement, auront permis à celles et ceux qui savent lire entre les lignes, celles et ceux qui savent écouter, de faire la différence entre les trois personnalités.
Enfermés dans leur programme commun autant que dans leurs certitudes et convictions, les trois socialistes s’adressant – a priori – aux socialistes, ont « dragué » au-delà, largement, des frontières de leur propre camp, Madame Royal étant même critiquée pour son « populisme » né des récentes déclarations qu’elle a faites. Les élus du peuple et leurs associations représentatives s’en sont, à juste titre et à bon droit, émus.
Le plus lyrique et le plus en verve fut, sans conteste, Laurent Fabius, qui s’en est plutôt bien sorti mais dans sa logique, au sein de la ligne qu’il s’est fixée et qui est, en revanche, loin, très loin d’être majoritaire. Il fut donc le plus brillant des orateurs mardi soir sans, pour autant, que l’on puisse lui décerner la coupe du « Gagnant ».
Madame Royal s’est à plusieurs reprises pris les pieds dans le tapis avec quand même en point d’orgue ses déclarations surréalistes relatives qui aux jurys populaires tirés au sort pour « surveiller » les élus du suffrage universel, qui les missions humanitaires encadrées par des militaires se substituant aux établissements pénitenciers, quelque soit leur forme, pour les délinquants mineurs.
Enfin, Dominique Strauss-Kahn a, une fois de plus, été précis et convaincant sur les objectifs à atteindre, un peu moins sur les moyens et la marge de manoeuvre dont il disposerait pour le faire et fut carrément flou sur bien d’autres points. Mais cette fois encore, le verbe haut et la hauteur de vue de l’élu de Sarcelles lui ont donné un avantage qui n’aura échappé à personne faisant bouger de quelques points les sondages des sympathisants en sa faveur.
Si l’on a frôlé, à plusieurs reprises, l’invective, c’est parce que d’une part M. Fabius jouait sa dernière carte au jeu du pendu et que M. Strauss-Kahn avait du être conseillé dans ce sens également pour apparaître le bretteur qu’attendent téléspectateurs et auditeurs dans ce genre d’émissions.
Ségolène est effectivement comme Georges Marchais, elle ne répond pas aux questions; lui, c'était par sens politique, elle, c'est par ignorance et incompétence d'une part et sans doute, d'autre part, parce qu'elle ne comprend pas les questions.
Certaines prises de position - parfois claires - ne sont pas ou ne seront pas populaires. Pourquoi ? Car l'ancrage à gauche était finalement la moins mauvaise des solutions car plus claire, plus lisible et donc plus facile à comprendre.
Rappelons nous cependant des sondages 6 mois avant l'élection en 1995, dont les chiffres, nets, décourageants pour certains, firent que Nicolas Sarkozy eût dit : "il est inutile de dépenser l'argent du contribuable puisque Edouard Balladur sera élu avec un résultat proche des 60%" !
L’Histoire nous a montré que de ces sondages faits 6 mois avant l'élection en 2007, il faudra s'attendre à de sévères corrections et de lourdes surprises.
Les très médiatiques et surtout médiatisés, Sarkozy et Royal, pourraient bien, le 22 avril prochain, n'être plus qu'un souvenir lointain. Car mathématiquement, l'un comme l'autre, ne recueillerait que 20 à 30 % des suffrages exprimés au 1er tour, un résultat ne leur conférant aucune légitimité.
La brèche que laisse Jacques Chirac au terme de ses deux mandats est énorme; certains voudront s'y engouffrer et - qui sait ? - en tirer un avantage décisif ...