Sur les ministres, on aura, peu ou prou, tout entendu : « un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne », « un ministre ça écoute avant de décider », … mais pousser le bouchon jusqu’à faire démissionner un ministre plutôt consensuel au motif qu’il est battu aux élections législatives dans une circonscription pour laquelle, en tout état de cause, il n’aurait pas siégé, c’est pour le moins étrange !
Il ne s’agit nullement, au travers de ce billet, de voler au secours du maire de Bordeaux. Que les choses soient claires ! En revanche, on peut s’interroger sur l’utilité d’envoyer au carton, pour une campagne inutile pour un ministre nommé sur proposition du premier d’entre eux, un personnage qui, de toute façon, cèdera son fauteuil à son suppléant.
C’est prendre les électrices et les électeurs pour des moutons qu’ils ne sont plus. C’est, apparemment, ne pas avoir intégré l’exceptionnelle maturité désormais acquise à nos compatriotes au fil des scrutins.
Les ministres choisis par François Fillon ont tous, ou presque, acquis une légitimité démocratique dans leur parcours politique. De Valérie Pécresse à Christine Boutin en passant par … Alain Juppé ou Jean-Louis Borloo, leur dimension nationale comme locale n’est nullement à remettre en question, tous ayant au moins un mandat local, tous ayant fait preuve de leurs compétences par les responsabilités diverses qu’ils ont exercées.
En citoyen lucide et responsable, je me demande même si ce temps perdu par les onze candidats aux élections récentes ne fut pas une énergie perdue qu’ils auraient, tous, pu mettre, en revanche, à profit pour préparer l’action et les décisions de l’exécutif.
Ce message-là, cette incohérence, cette démarche qui, a priori, n’avait d’autre dessein que de parachever les coups de griffe au précédent locataire de Matignon n’aura donc pas dupé les Français.
Il y avait tant à faire, tant à travailler, tant à préparer pour cette séance extraordinaire du Parlement cet été que les efforts consentis par les uns et les autres pour acquérir cette légitimité apparaissent finalement comme contre-productifs.
En revanche, les annonces trop précoces, subtilement instrumentalisées par l’opposition, auraient mérité davantage la sanction plutôt que la promotion.
Encore au stade de la réflexion, de projet à moyen terme, le principe de transfert de certaines charges sociales salariales et patronales vers d’autres postes de recettes de la puissance publique n’aurait pas dû être étalé si tôt, sans autre détails que ses principes et ses ordres de grandeur.
Ce projet, déjà d’ailleurs mis en place et/ou expérimenté par d’autres grandes démocraties de l’Union européenne, y compris dirigées par des socialiste ou socio-démocrates, n’a rien de honteux puisqu’il faisait d’ailleurs partie intégrante, utilisant d’autres mots pour dire la même chose, du Pacte présidentiel de Ségolène Royal.
Nicolas Sarkozy a, fort de son succès, de sa popularité, de l’élan qu’il a impulsé, anticipé sans doute une victoire bien plus « écrasante » qu’elle ne le fut finalement, une victoire quand même, mais une victoire qui désormais le prive de leviers d’actions constitutionnels par la voie parlementaire, une victoire presque modérée par rapport à la Chambre sortante, renvoyant à leurs anciennes activités les grands perdants UMP de cette élection qui, arithmétiquement, le doivent au soutien occulte des « MoDemiens » aux candidats socialistes en ballotage défavorable.
Puisse cette opposition forte, qu’il appelait d’ailleurs de ses vœux, rappeler au chef de l’Etat, autant que nécessaire, son devoir de modestie et de rassemblement.
Avec près de 30% de députés socialistes de plus, François Hollande peut se féliciter, avec notamment l’appui stratégique subtil de Laurent Fabius, des résultats définitifs qui viennent le revigorer quelques jours seulement après son lynchage annoncé. Cela promet de beaux débats, nourris – et espérons-le constructifs – à l’Assemblée Nationale …