Présentée aujourd’hui à Madrid par le Secrétaire général de l’OCDE, M. Angel Gurría, et le ministre espagnol de l’Économie et de la Compétitivité, M. Luis de Guindos, cette étude accueille avec satisfaction le processus de réforme actuellement engagé dans de multiples domaines. Toutefois, elle souligne que les conditions défavorables vont limiter l’impact à court terme de ces réformes. En effet, l’Étude prévoit que l’économie espagnole subira une contraction de 1,4 % de plus en 2013, avant de renouer avec un taux de croissance de 0,5 % en 2014.
« Les autorités espagnoles ont entrepris un programme de réforme courageux pour remédier aux causes profondes de la crise actuelle et elles méritent des félicitations à cet égard », a déclaré M.Gurría lors du lancement de l’Étude. « Même si les incertitudes entourant la zone euro et le ralentissement persistant de l’économie mondiale compliquent le cheminement de l’Espagne vers la reprise, nous sommes convaincus que le pays va dans la bonne direction. Le coût des réformes économiques est sans doute lourd aujourd’hui, mais cet effort sera récompensé par une Espagne plus forte et mieux armée pour affronter la concurrence au sein de l’économie mondiale ».
Parmi les réformes essentielles mises en valeur par l’Étude, on retiendra les mesures substantielles d’assainissement des finances publiques et le renforcement des règles budgétaires, ainsi que les réformes à la fois vastes et approfondies du marché du travail et du secteur bancaire. Le Secrétaire général de l’OCDE s’est aussi félicité de l’approbation hier par la Commission européenne des conditions de restructuration et de recapitalisation des banques espagnoles, approbation qui marque une étape importante.
« Nous constatons déjà des évolutions et des résultats positifs, notamment en ce qui concerne le rétablissement de la compétitivité et la réduction des déséquilibres avec l’Europe », a déclaré, M. Gurría. « Le coût de cet effort d’assainissement a sans doute été plus élevé que prévu, en raison des conditions extérieures auxquelles fait face l’Espagne et le chômage y demeure d’une ampleur inacceptable. Il ne fait cependant aucun doute que ce processus portera ses fruits. En attendant, tout doit être fait pour remédier aux répercussions sociales de la crise et protéger les plus vulnérables », a-t-il ajouté.
L’OCDE retient trois domaines prioritaires pour l’action future à mener.
Il faut remédier sans tarder à la crise financière. Il est essentiel de procéder à une liquidation rapide et ordonnée des banques non viables et à une recapitalisation des autres établissements ayant besoin de fonds propres, comme le prévoit le mémorandum d’accord sur la réforme du secteur financier conclu avec l’Union européenne.
Il convient de prendre des mesures pour que l'absorption des pertes des banques repose en partie sur leurs amples volants d'instruments de fonds propres hybrides et de dette subordonnée, notamment lorsque les détenteurs de ces instruments sont des investisseurs institutionnels. Une réforme des procédures de faillite favoriserait une réaffectation des ressources des entreprises insolvables à des usages productifs et pourrait soulager plus efficacement les ménages surendettés.
La confiance à l'égard des finances publiques doit être restaurée. Le gouvernement devrait s’employer à réaliser ses objectifs de déficit global. Toutefois, en cas de croissance nettement plus faible que prévu, un creusement du déficit est acceptable et les stabilisateurs automatiques doivent pouvoir jouer, au moins en partie. Il convient de respecter rigoureusement les nouvelles règles de réformes budgétaires à tous les niveaux d'administration. Des mesures budgétaires permanentes en vue de stabiliser la dette publique doivent être précisées.
Le gouvernement doit s’efforcer d’éviter que la crise n’ait un impact disproportionné sur les ménages à faibles revenus. La réforme fiscale peut contribuer davantage à l’assainissement budgétaire et mieux servir des objectifs environnementaux au sens large. De nouvelles mesures de réforme des retraites amélioreraient la viabilité des finances publiques à long terme et les incitations à réintégrer dans le secteur formel des activités du secteur informel.
Un large éventail de réformes est nécessaire pour remédier à un chômage très élevé. Des efforts supplémentaires pourraient être faits pour réduire le dualisme du marché du travail, notamment en mettant fin aux disparités marquées des indemnités de licenciement entre salariés permanents et temporaires. Une abolition de l’extension légale des conventions collectives apporterait plus de souplesse aux entreprises pour s’adapter à la situation économique.
Des mesures rapides s'imposent également pour améliorer l'efficacité des services de l'emploi, en renforçant la formation, en particulier pour les jeunes chômeurs, et en durcissant les obligations de recherche d’emploi pour les bénéficiaires d’allocations de chômage. Des mesures doivent aussi être prises pour améliorer l’accès à l’éducation après la scolarité obligatoire, en particulier l’enseignement professionnel, et aussi pour faire mieux coïncider les qualifications avec les attentes des entreprises.