Chacun de ces réfugiés a besoin de protection. Beaucoup vivent dans des camps à proximité de leur pays d’origine. Certains ont besoin d’un lieu où se réinstaller, car ils ne peuvent ni rentrer dans leur pays ni s’installer sur place, en l’absence de possibilités d’intégration.
Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), les besoins de réinstallation dans le monde concernent à l’heure actuelle quelques 800 000 réfugiés. Pour 2011, l’agence évalue à 172 300 le nombre de personnes à réinstaller. Beaucoup d’entre elles sont très vulnérables : on trouve notamment parmi elles des personnes qui ont survécu à la violence et à la torture, des femmes et des jeunes filles exposées à la violence et des réfugiés qui ont besoin de soins médicaux.
Neuf réfugiés sur dix sont condamnés à attendre
La majorité des réfugiés qui ont besoin d’une réinstallation semblent malheureusement condamnés à rester dans les camps en attendant une solution. Globalement, les gouvernements sont aujourd’hui disposés à accueillir au maximum quelque 80 000 de ces réfugiés chaque année. En l’état actuel des quotas, ce sont donc 90 % des 800 000 réfugiés dont la situation reste inchangée. Si cette tendance se maintient, il faudra dix ans avant que tous soient réinstallés – sans compter qu’entre-temps de nouveaux réfugiés seront probablement venus grossir leurs rangs. Même parmi les cas les plus urgents, il est très probable que certains ne seront pas réinstallés en 2011.
Les Etats-Unis, le Canada et l’Australie ont été plus prompts à réagir aux appels du HCR en mettant en place des programmes de réinstallation d’envergure, prévoyant le transfert de réfugiés sur leur territoire au départ du premier pays où ils ont cherché asile. Ces pays leur permettent de s’installer durablement et de vivre dans la dignité et la sécurité.
Cette réinstallation n’est pas seulement un moyen de protéger les plus vulnérables des réfugiés et de leur offrir une solution durable ; c’est aussi une façon de partager la charge entre les pays industrialisés plus riches et les pays en développement plus pauvres. Ces derniers accueillent actuellement la grande majorité des réfugiés, et ce dans des conditions souvent précaires.
Les Etats-Unis accueillent sept fois plus de réfugiés que l’Europe
Alors que ces trois pays ont accueilli respectivement 62 000, 6 500 et 6 700 réfugiés, les pays européens en ont admis à eux tous moins de 9 000 dans le cadre des programmes de réinstallation du HCR. Certains d’entre eux ont des programmes continus de réinstallation, au titre desquels ils accueillent un quota annuel de réfugiés : c’est le cas de la Suède, avec un quota annuel de 1 900 personnes, et de la Norvège, avec un quota de 1 400 personnes par an.
Les autres pays européens qui ont fixé des quotas annuels sont la Finlande, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, le Danemark, la France, l’Irlande, la République tchèque, la Roumanie et le Portugal. En outre, certains pays ont admis des réfugiés dans le cadre de programmes ad hoc, notamment l’Allemagne, qui a accueilli 2 500 réfugiés en provenance d’Irak en 2008 et 2009, mais aussi l’Italie, le Luxembourg et la Belgique.
La capacité d’accueil de réfugiés au titre de la réinstallation dépend bien entendu de divers facteurs, dont le nombre de demandeurs d’asile arrivant directement dans le pays concerné. Cependant, d’une manière générale, il n’est pas vrai de dire que le continent européen est « submergé » de demandes d’asile spontanées. En réalité, leur nombre est en diminution ces dernières années. Le fait que certains pays africains accueillent davantage de réfugiés sur leur territoire que l’ensemble des Etats européens donne à réfléchir.
La Commission européenne a proposé récemment de mettre en place un programme européen commun de réinstallation, prévoyant une aide financière pour les Etats membres qui réinstallent des réfugiés ainsi qu’un renforcement de la coopération en la matière. C’est une bonne initiative qui, espérons-le, sera approuvée et mise en pratique prochainement.
L’Europe devrait se hâter d’agir
D’ici là, les divers gouvernements européens devraient aider le HCR à surmonter la crise actuelle en accroissant leurs quotas annuels. Les Etats européens ont en effet le devoir d’aider les personnes qui ont le droit de bénéficier d’une protection en vertu du droit international.
Ils devraient partager cette responsabilité avec les pays qui accueillent des populations de réfugiés beaucoup plus importantes. Nous ne devons pas laisser les réfugiés et leurs familles vivre indéfiniment dans des camps ou des quartiers urbains misérables, où ils n’ont d’autre choix que d’attendre, en mettant leur vie entre parenthèses. Nous devons au plus vite leur apporter un soutien : ils en ont besoin, et ils y ont droit.