Tous les dés sont pipés et la grande crise financière a au moins eu comme vertu de révéler au grand jour la situation réelle d’un monde où se creusent des fossés d’inégalités devenus pour certains insupportables.
Au-delà de l’industrie qui, rapatriée, nous permettrait peut-être de rebondir, il y a tout le secteur tertiaire, des services, un secteur où notre matière grise peut encore se monnayer. Mais pour combien de temps ?
Déjà dans les services informatiques, les dragons d’Asie, l’Inde et dans une moindre mesure les pays de l’Est sont devenus et compétents et compétitifs. Résultat : les ténors de ces activités en Amérique comme en Europe doivent détruire des emplois après avoir sous-payé ingénieurs et techniciens avant que leurs prestations ne puissent plus être vendues sauf à perte.
Les survivants de cette guerre économique et industrielle ne se trouveront pas, quoiqu’on nous rabâche à longueur de journée dans les métiers de l’environnement et du développement durable.
Les mobiles ont supplanté la téléphonie fixe, la fibre optique la paire de cuivre et les volumes de données à transférer seront toujours plus importants. La demande en puissance de traitement, en corollaire, n’en sera que croissante.
Les groupes qui ont bâti leur empire sur le modèle de l’informatique personnelle, départementale ou centralisée n’en sont que davantage fragilisés.
Il existe un monde entre la puissance de traitement de nos Smartphones et celle, gigantesque, des serveurs ultra puissants et multiprocesseurs en grappe reliés entre eux aux quatre coins de la planète.
Déjà, visionnaires et stratèges, voient dans l’offre de capacité de traitement ou de stockage à la demande un nouvel eldorado qui fait ses premiers pas, après que se soit développée la virtualisation des systèmes d’information, sous une forme qui va déferler en tous points du globe et baptisée « Cloud computing », le calcul dans les nuages quasi littéralement.
Avec ces technologies déjà éprouvées et fiables, les capacités disponibles, où qu’elles soient, seront proposées aux entreprises, administrations et collectivités en fonction de leurs besoins, en charge comme en durée.
L’avenir des entreprises se joue en ce moment. Le développement économique est une clé pour toutes les collectivités permettant d’ouvrir les portes d’une prospérité nouvelle ou retrouvée. Mais il faut pour cela investir dans des salles blanches, grands centres truffés de serveurs, pour être un nuage parmi les nuages et faire ainsi jeu égal avec nos compétiteurs puisque le modèle économique nous est, cette fois-ci, favorable.
Si politiquement le plan du très haut débit est certes incontournable, économiquement et industriellement, avec ces infrastructures nouvelles déployées, il convient d’ores et déjà d’encourager la création de ces usines du 3ème millénaire qui donneront travail et ressources aux générations futures car, incontestablement, notre avenir est dans les nuages.
Bernard Marx