Les « courants » internes à chaque mouvement créent des tensions qui pourraient déboucher sur une implosion des schémas politiques traditionnels
Au fur et à mesure qu’avance le temps, que se développe le débat d’idées, dans la perspective de la grande échéance électorale de l’année prochaine, les « courants » internes à chaque mouvement créent des tensions qui pourraient déboucher sur une implosion des schémas politiques traditionnels.
En effet, alors que la campagne pour l’investiture socialiste bat son plein, les prises de positions des trois candidats révèlent trois modèles de société qui, compte tenu des importantes divergences de vues, ne pourront dégager une ligne claire et majoritaire au sein de la gauche, unie ou non.
De la même manière, si Nicolas Sarkozy a la main sur l’UMP, d’autres, proches de lui en termes de hiérarchie partisane, ne partagent pas, loin s’en faut, ses idées et ses valeurs, à l’instar de MAM, la ministre de la Défense.
On le voit donc bien, ce demi-cercle n’est plus représentatif de la pensée institutionnelle et, a fortiori, de l’opinion populaire. Dès lors, il n’est pas exagéré de considérer l’Hémicycle comme suranné car les mouvances en strates qui se font jour en font, de fait, un hémisphère, dont chacun ne verrait plus qu’une coupe instantanée.
L’attachement à la république, le rejet de celles et ceux qui ont « mal gouverné », l’impossibilité désormais de rassembler suffisamment au sein d’une seule famille politique sont autant de variables qui rendent l’équation presque impossible à résoudre. Nous voilà, comme outre-Rhin, confrontés à une logique – au demeurant pas si déplaisante – qui ferait qu’une grande coalition nationale, construite sur des thèmes fédérateurs et des valeurs claires, aurait toute les chances de séduite nos compatriotes. Cette perspective est d’ailleurs plus séduisante qu’une nouvelle cohabitation qui a montré ses limites et qui ne recueille plus le suffrage des français, quelle que soient leurs préférences.
Du coup, dans les sondages publiés presque quotidiennement, ceux qui se démarquent le plus, que l’on voit sortir du rang sont ceux qui n’ont jamais accédé aux responsabilités, ceux qui, par leur impétuosité mâtinée de propositions rassurantes même si elles sont, majoritairement, utopiques, en sortent grandis.
En revanche, les négociations souterraines pour les élections législatives qui suivront le choix du chef de l’Etat ne laissent guère d’opportunité aux nouveaux courants de pensée de s’exprimer et surtout d’être élus.
Le paradoxe, dans cette affaire, est que le pays n’est pas, pas encore, prêt à s’ « américaniser » via des primaires qui sont un modèle de démocratie pour autant qu’elles aient lieu à temps. Le PS s’est largement fait battre lors du référendum sur le traité européen puisque, consultés trop tôt, les militants avaient voté avant que n’aient eu lieu, en profondeur, les débats. De la même manière, le choix entre les trois « mitterrandiens » qui occupe le monde des médias n’a guère de sens dans le cadre de nos institutions, celles de la Vème République, qui font qu’un président nait d’une « alchimie » entre le peuple et sa personne.
Plus clairement, DSK a les faveurs d’une majorité large des sympathisants du PS et pourrait largement rassembler au centre droit et même au-delà. En revanche, son modèle social démocrate ne plait guère aux socialistes purs et durs attachés à des principes et des modèles qui se sont fanés au crépuscule du siècle dernier. La rencontre de DSK avec le peuple est possible, comme celle, d’ailleurs mais sur un autre registre, de Nicolas Sarkozy. Il ne faudrait pas que les partis, qui ne vivent que de subsides de l’Etat, viennent « broyer » cette troisième dimension qui se développe au sein de chaque mouvement et qui marque l’amorce d’une évolution saine et majeure dans la pensée politique.
En mettant les maires au cœur de la République, comme piliers de sa représentation, le gouvernement a transféré aussi l’évolution de la pensée et des opinions vers des personnes qui, majoritairement, sont non-inscrites, nullement inféodées à tel ou tel parti. Car sur les 36.000 et quelques communes de France, seules quelques centaines sont entre les mains des partis qui s’en servent de tremplin et de bras séculier pour faire progresser leurs idées, leurs valeurs, leur idéologie.