Tous ces projets et toutes ces réalisations ne sont pas le fait d’un seul homme ni de la seule équipe actuellement en place. De nombreux projets en effet avaient été initiés bien avant l’actuelle mandature. En revanche, c’st bien le volontarisme politique du maire actuel qui aura permis qu’aboutissent la plupart des chantiers « stratégiques » auxquels il était tout particulièrement attaché.
Et pourtant : jamais le conseil de Paris n’a été le théâtre d’un tel capharnaüm ! L’absence de majorité solide à l’assemblée municipale a donné lieu à tant de prises de bec, tant d’invectives, la droite faisant souvent bloc avec les Verts pour entraver l’action de l’équipe « plurielle » pourtant légitimée par le suffrage universel.
Et demain ? Qu’en sera-t-il si les électrices et les électeurs de la capitale remettent le couvert et donnent au très médiatique maire de Paris un second mandat pour parachever son programme électoral de 2001 ?
En réalité, il y a bien peu de chances que le paysage politique parisien se présente sous les mêmes formes et donc la même augure qu’il y a six ans. Les Verts, au plan national, ne représentent plus rien ou presque, tout comme d’ailleurs les communistes sévèrement sanctionnés lors des dernières consultations nationales. Quand bien même les situations locales pourraient ne pas refléter proportionnellement les rapports de force des élections à l’échelle du pays, il y a fort à parier que le candidat à sa propre succession a là l’opportunité, sans doute unique, de renouveler son équipe, ne gardant au sein de sa garde rapprochée les plus compétents avant toute autre considération de fidélité et/ou de loyauté.
L’hiver va sans doute ralentir l’effet Vélib qui a fait un véritable carton lors de son lancement à la fin du mois de juin tout comme la campagne de l’actuelle opposition pourrait tempérer quelque peu des sondages encore trop flatteurs à l’heure actuelle.
Et puis il y a le MoDem de François Bayrou qui, par tous les moyens, à Pais comme ailleurs, tentera à l’écart de la Concorde de semer la discorde en se posant comme arbitre des grandes formations, une position peu claire déjà rejetée par principe par Bertrand Delanoë et sans doute de la même manière par Madame de Panafieu même si, selon M. Debré, celle-ci ne serait que le fruit d’une erreur de casting.
Pour le parti socialiste, les élections municipales constitueront à l’évidence un tournant majeur car de l’élection de leurs caciques à la tête des grandes villes de France comme des villes moyennes découleront naturellement sa capacité à rebondir et à se poser en force d’alternance pour le pays tout en lui offrant les financements qui lui font encore cruellement défaut.
A mille lieues des élections régionales ou européennes, scrutins lors desquels se manifestent les « gestes d’humeur » électoraux, les élections municipales sont et resteront des élections de proximité, ancrées sur des projets et programmes concrets et tangibles, corrélés directement à des personnes et finalement à des mandats « intuitu personae » confiés aux candidates et aux candidats têtes de listes. Tout particulièrement au sein des collectivités de tailles les plus modestes.
La « Bataille de Paris » sera sans nul doute examinée à la loupe par tous les observateurs et politologues de tous poils. Cette bataille, qui sera rude, n’est pas gagnée d’avance. Mais elle aura le mérite, pour l’ensemble du pays, de fournir des indicateurs précieux à nos experts en prospective qui déjà se posent en « donneurs de leçons » confondant, apparemment, « Bataille de Paris » et « Traversée de Paris ».