Cette décision attendue ouvre la voie à Porsche, le fabricant de voitures de sport déjà détenteur de 31% des actions de Volkswagen, pour prendre le contrôle complet de la société, le plus gros fabricant européen.
"Nous saluons la décision de la Cour Européenne. Ceci nous met en position, en tant que plus gros actionnaire de Volkswagen, d'utiliser pleinement nos droits de vote." a déclaré un porte-parole de Porsche, Frank Gaube.
Selon Porsche, une prise d'intérêts plus grande sera l'ordre du jour pour une réunion directoriale le 12 novembre. Selon le président de Porsche, Wendelin Wiedeking, posséder la majorité des actions renforcerait ses efforts de collaboration avec VW en matière de développement et de production.
Le jugement, lu par le président de la cour lors d'une session succincte de 10 minutes et devant une chambre presque vide du Grand Duché du Luxembourg, est un revers cinglant pour l'Allemagne.
Il arrive à un moment où l'Allemagne devient extrêmement nerveuse dès que des investisseurs étrangers sont en cause, particulièrement les "pension funds" qui achètent ce qui lui semble être les industries stratégiquement importantes.
Dans le cas précis de Volkswagen, le spectre d'une entreprise étrangère prenant le contrôle a été minimisé par le rôle de Porsche, un société amie partageant ses racines avec VW – Ferdinand Porsche avait travaillé initialement chez VW avant de fonder sa propre marque.
Les responsables allemands ont insisté sur ce point, même s'ils ont admis avoir perdu la bataille de la fameuse "Loi Volkswagen", adoptée pour défendre les intérêts de la Basses-Saxe en 1960 et limitant les droits de vote de tout autre investisseur à 20% sans tenir compte du nombre d'actions détenues réellement.
Aujourd'hui, Volkswagen semble protégée par la majorité détenue conjointement par le comté de Basse-Saxe et Porsche, la mettant à l'abri des spéculations.
Le ministre allemand de la justice a exprimé son désappointement mais a assure que le nécessaire serait fait, ajoutant qu'il n'était pas évident que la loi soit aménagée ou simplement annulée.
On ne distingue pas bien ce que l'Allemagne pourrait sauver en procédant à un amendement de la loi, tant l'arrêt de la Cour Européenne était clair. Dans un communiqué, la cour a déclaré que l'Allemagne a été "incapable d'expliquer pourquoi, dans le but de protéger les travailleurs, il serait approprié et nécessaire aux autorités fédérales et à l'état de maintenir une position renforcée et immuable dans le capital de Volkswagen"
Pour le moment, Porsche semble surtout vouloir calmer le jeu. La société a déclaré qu'il n'y avait pas urgence pour elle à accroître sa participation. M Gaube a même déclaré qu'il n'était pas opposé à ce que la Basse-Saxe conserve ses deux sièges au bureau de VW, même si il n'y a plus de raison légale.
En réponse, la Basse-Saxe a déclaré être prête à augmenter sa participation dans VW à hauteur de 25% pour contrer l'influence de Porsche.
Cependant, certains analystes pensent que Porsche, l'un des fabricants de voitures les plus bénéficiaires, pourrait utiliser des options d'achat en sa possession, aussi bien qu'une ligne de crédit de 10 milliards d'euros.
Bien que cette décision soit un succès notable dans la campagne européenne contre le protectionnisme de plusieurs capitales d'Europe, certains pensent qu'il aura un faible impact en tant que précédent dans d'autres cas. Le fait le plus notable dans ce cas est plus dans le rôle joué par Volkswagen comme symbole du renouveau économiques de l'Allemagne après les destructions subies lors de la seconde guerre mondiale.