Ces élections, locales, se font, dans la quasi-totalité des villes de France hors quelques très grandes métropoles, sur des projets, des ambitions, des valeurs et … des personnes avec un lien plus ténu entre élus et citoyens localement qu’il ne l’est au plan national.
La couleur politique n’a, dans ce cas, aucun rapport si ce n’est de venir déliter ce qu’il nous reste de sain dans la démocratie participative de nos institutions.
Nos compatriotes, devenus mûrs dans leurs choix politiques, savent jouer de leurs bulletins pour donner pouvoir et contre-pouvoirs. Mais à quoi bon le faire dans le cadre d’élections qui concernent la qualité et le cadre de vie, les services publics locaux, … sans aucun lien organique, ou presque, avec l’Etat ? Ces appels en réalité sont loin d’être sans arrière-pensées : en effet, la gestion de collectivités locales, à compter d’une certaine taille, donne à certains élus aux ambitions « extra locales » l’occasion de bâtir des postes d’observation et d’action pour la « bonne santé » de leur famille politique. Au nom de l’intérêt général …
Il est regrettable que les associations de maires, pourtant nombreuses, ne viennent pas contredire et condamner cette prise d’otage programmée et savamment, subtilement relayée par les média. Peut-être ceux-ci y ont-ils un intérêt particulier entre la quête d’audience ou de tirage ou encore le tissage de liens « informels » avec les futurs gagnants de chaque camp ?
Au-delà de cette inutile et dangereuse politisation du scrutin, l’Histoire semble nous servir, à nouveau, près d’un siècle et demi plus tard, le même plat. C’est fut en effet, le 24 juin 1859, les premiers coups de fusil éclataient peu après 3 heures du matin ; à 6 heures la bataille faisait rage ; un soleil ardent écrasait ces quelque trois cent mille hommes qui s'entre-tuaient.
Les services sanitaires des armées franco-sardes étaient débordés et l'armée française comptait alors moins de médecins que de vétérinaires avec, au surplus, des moyens de transport presque inexistants.
C’est sous ce régime « royal » qu'Henry Dunant, un Suisse, Prix Nobel de la Paix en 1901, l’année justement de la promulgation de cette célèbre loi en faveur des associations, s’est rendu célèbre, aidé par les femmes du lieu, soignant ainsi les blessés et les mourants durant trois jours et trois nuits.
Cette bataille de Solferino été le déclencheur de la création de la Croix-Rouge. Puis vint le traité de Turin au terme duquel la France reçut la Savoie et Nice de la coalition italienne.
Les frontières changèrent et le pouvoir s’en fut transformé. A y regarder de près, cet épisode belliqueux de nos relations à l’ère impériale a une odeur et une couleur très voisines des décors et mises en scène des duellistes prétendants à remplacer M. Hollande.
Brocardé dans un livre, M. Delanoë sera malgré tout réélu. Critiquée, Madame Aubry après un long et patient travail de terrain, le sera sans doute également. Tentant l’ouverture, M. Juppé joue sa fin de carrière politique dans la capitale d’Aquitaine. Mais ce sont là des grandes villes, des symboles, d’anciens fiefs de notre histoire contemporaine. Il serait malvenu et dangereux que d’étendre aux 36.000 autres villes et villages cette tentation partisane au lieu de privilégier les projets locaux et d’éviter par trop les cumuls de mandats déjà accordés à certains lors du scrutin législatif de juin 2007 …