Les Scientifiques disent que c’est le seul endroit au monde où les baleines s’approchent autant. Comme toutes les baleines du monde, les bélougas sont menacées, non par les chasseurs, la chasse u bélouga est interdite depuis 1939, mais par les recherches en énergie et l’invasion graduelle de leur habitat par les navires.
Les baleines arrivent la plupart du temps aux beaux jours. Dotées d’un instinct grégaire, ces mammifères blancs s’ébattent et s’amusent, faisant paresseusement surface avant de plonger à nouveau dans un endroit désormais nommé Beluga Cape.
Les environnementalistes en parlent comme l’un des trésors russes. Le Bélouga, qui a un air de grand dauphin, va lutter pour sa survie alors que l’Arctique se développe et que la navigation, les projets énergétiques et la pollution menacent son habitat.
L’un des scientifiques appartenant au groupe des mammifères marins de l’Institut d’Océanologie de l’Académie des Sciences russe, le Docteur Roman Belikov, soutient que "Les plus grands dangers pour le bélouga sont la pétrole, le développement énergétique, le trafic maritime et même l’éco-tourisme".
Il craint qu’à moins d’être correctement gérés, les touristes venant à la rencontre de la vie sauvage ne puissent troubler ces baleines.
Le Docteur Belikov a passé chacun des derniers huit étés avec un petit groupe de biologistes à étudier les bélougas. Il se montre optimiste sur le fait qu’avec du temps, les baleines puissse s’adapter. "Elles peuvent apprendre à supporter les moteurs, si les pêcheurs sont respectueux des distances et de la vitesse. C’est comme les citadins s’adaptant au bruit du métro".
D’après lui, le changement de climat peut également affecter les bélougas, mais jusqu’ici ce fait n’est pas prouvé.
Comme les autres biologistes, Belikov parle des animaux avec affection, et c’est de bonne grâce qu’il passe deux mois dans des conditions frustes, sans électricité, eau courante ou commodités pour pouvoir les observer.
Pataugeant jusqu’à la tour d’observation sur la grève du cap chaque jour que les baleines apparaissent, sa collègue et chef d’équipe, Vera Krasnova, revient pour son 12ème été. Son mari est également un chercheur et ils travaillent ensemble, laissant leur petite filleà la garde de sa grand-mère à Krasnoyarsk.
Krasnova rit lorsqu’on lui demande pourquoi elle semble fascinée par les bélougas pendant qu’elles s’ébattent à quelques mètres dans l’eau.
"Ces animaux ont une organisation sociale très intense, il est intéressant d’étudier leur comportement en groupe"
On recense environ 100 000 bélougas répartis dans huit colonies autour du globe, dont 2000 en mer blanche.
Krasnova et ses trois assistants passent des heures à prendre des notes sur chauqe animal, leur donnant des surnoms comme "quasimodo” pour un mâle ou "Belle" pour une femelle.
Apprendre la langage des bélougas
"Elles sont très bruyantes quand elles se rencontrent ici au moment de la reproduction, et communiquent entre elles de façon intensive" dit-il. La tour d’observation se remplit de ces bruits recueillis par des microphones spéciaux et retransmis depuis le rivage.
“Elles ont un répertoire vocal extrêmement diversifié, composé de beaucoup de sons différents comme des sifflements, couinements et des hurlements. Certains bruits ressemblent au pleurs d’un bébé ou au pépiement d’un oiseau"
Lorsqu’on lui pose la question s’il pense que les baleines pourraient être pêchées commercialement pour leur chair, Belikov a un mouvement de recul. "Les manger ? Elles sont très douces, intelligentes et gentilles. Je pense que c’est impossible, je ne vois aucune raison de faire cela"
Le projet est subventionné par l’IFAW (International Fund for Animal Welfare) qui partage son souci au sujet de l’habitat naturel des bélougas, entrant en compétition avec les projets russes de développement de réserves énergétiques dans la mer de Barent.
Selon le porte-parole de l’IFAW Igor Belyatskiy "Comme tout plan à grande échelle concernant le gaz et le pétrole, il y a la crainte de pollution par le biais d’un trafic soutenu par mer et par air, s’accompagnant de nuisances sonores importantes. Les baleines sont très sensibles aux bruits de toutes natures".
Celui-ci ajoute que le plus difficile en Russie n’est pas de surmonter l’absence de lois, mais d’en assurer une application correcte".
La population est tout juste en train de réaliser que le principal atout de la Russie est sa nature, après ses hommes. Le pétrole et le gaz disparaîtront un jour, mais la nature et les animaux doivent rester"
L’IFAW espère que l’île de Solevetsky toute entière sera reconnue par l’UNESCO comme site protégé, comme le fameux monastère de l’extrémité sud qui fut converti par Staline en un de ses principaux goulags et se trouve près du terrain de jeux isolé des bélougas.
"Ces jours sombres sont derrière nous. Il est agréable de venir ici et voir un coin de nature intacte".