Mais cette fois-ci, ce sont les atermoiements qui sont la conséquence directe des retards cumulés pour l’adoption du nouveau traité européen qui viennent assombrir l’horizon.
Du coup, le ministre des Affaires étrangères italien a lancé un appel à Paris pour que soit donnée une "indication claire" sur les délais d'adoption ceci afin d’éviter une faible participation, au mieux, une désaffection des citoyens, au pire, en 2009.
Selon notre confrère italien, l'agence Ansa, Franco Frattini aurait déclaré, aux élus italiens : « nous devons être réalistes et pragmatiques et accepter le fait que le sommet européen de Bruxelles des 15 et 16 octobre ne fera pas bouger ce dossier ». On ne peut être plus clair en effet ...
Franco Frattini se fait du souci et il a raison !
« Nous nous attendons cependant à ce que la présidence française de l'UE prépare une feuille de route d'ici fin décembre qui nous indique un chemin précis pour éviter la solution la plus facile mais aussi la plus désastreuse, celle de renvoyer l'adoption du traité d'une législature européenne, à 2013 » a encore argumenté le ministre italien décidément plus européen que ne l’était son prédécesseur.
Le problème, en réalité, c’est que les « mauvais élèves » qui ont été d’abord la France puis les Pays-Bas se voient désormais, à chaque occasion, emboîter le pas par d’autres pays membres lorsqu’une consultation démocratique directe est possible. Ainsi, l'Irlande, en premier, ne semble pas prête à proposer une solution après le rejet par ses citoyens du traité lors d'un référendum. Cela aussi soucie le chef de la diplomatie italienne.
Et, la semaine passée, c’était au tour du ministre irlandais des Affaires étrangères, Micheal Martin, de rappeler, en tant que de besoin, que son pays ne sera pas en mesure de proposer de solution au "non" de ses citoyens au traité de Lisbonne lors du sommet européen des 15-16 octobre !
Dans une intervention devant la commission des Affaires institutionnelles du Parlement européen, il a même souligné ne « pas être en position à ce moment là de poser la base précise d'une solution, puisque notre processus national de réflexion et de débat ne sera pas encore terminé ».
Finalement, c’est là où la ratification parlementaire fait foi, si l’on peut dire, que la ratification a déjà pu avoir lieu. C’est le cas à peu près partout où c’est « institutionnellement » possible sauf … en République tchèque et en Suède.
Un scrutin dangereux
A priori, compte tenu des éléments récents qui ont conduit les pays de l’Union a se rapprocher pour un plan de sauvetage des milieux financiers, il y a fort à parier que la conjoncture ne sera pas au zénith lors du scrutin du printemps prochain et, qu’en conséquence, la bonne vieille stratégie de repli sur soi devrait logiquement ou plutôt psychologiquement l’emporter sur tout grand dessein européen dont le caractère objectif, tangible et concret échappe toujours aux peuples de l’Union et c’est justement là où le bât blesse.
Les listes risquent donc de se multiplier et notamment celles souverainistes, indépendantistes, … autant de moyens de diluer les efforts des européens convaincus, des utopistes, car il en faut aussi et des fervents partisans d’un bloc puissant pour contrer et le puissant continent américain, à l’Ouest, et la Russie et les dragons d’Asie, à l’est.
Nul ne sait combien d’interprètes et traducteurs seront mobilisés pour cet événement exceptionnel mais une chose est sûre et une seule : les instituts des sondages risquent d’y perdre leur latin …