Soyons cyniques jusqu’au bout et considérons que le bilan de la catastrophe naturelle au Japon est moindre en vies humaines que celui de la révolution libyenne !
En effet, l’inamovible colonel Kadhafi a, en quelques semaines, lourdement réprimé toute forme d’opposition à son régime, un régime pourtant reconnu par la communauté internationale, le dictateur ayant été reçu par les plus grands de ce monde, en passant par François Mitterrand et Jacques Chirac, pour ne citer qu’eux. Or, l’urgence est aussi de saisir l’opportunité des remous que connaissent les pays du Maghreb et du proche et Moyen-Orient pour, en leur tendant la main, tenter que triomphe chez eux une vraie démocratie, à laquelle aspirent tout particulièrement les jeunes générations. L’urgence est non seulement politique et diplomatique, elle est aussi humanitaire.
Comment ne pas considérer, également, comme une urgence, l’extradition de notre ressortissante enfermée dans des conditions fort discutables dans les geôles mexicaines pour soixante années d’une condamnation qui s’est faite au mépris des règles les plus élémentaires de la justice d’un grand pays ?
Comment également ne pas s’émouvoir que notre compatriote franco-israélien, le soldat Gilad Shalit, ne soit toujours pas libéré par les forces du mal qui veulent la disparition de l’Etat d’Israël de la carte ? Sa vie pèse autant que celle de Madame Íngrid Betancourt Pulecio retournée depuis au Chili sans reconnaissance du ventre et avec pour seul message de libérer ses amis du même joug au sein duquel la France n’a pas à s’ingérer !
Comment ne pas appréhender comme une urgence les demandes des pauvres et indigents méritant le gîte et le couvert, des pauvres et indigents que fabrique notre société de consommation et son modèle libéral ?
Comment peut-on continuer à accepter un tel écart entre l’offre et la demande de logements sociaux, comme l’a récemment souligné la Halde, dans un rapport qui, pour la première fois, met en balance proportionnée des décalages sociétaux qui confinent à l’inacceptable ?
Alors oui, assurément, ces questions ont leur réponse immédiate, logique et positive : rien ne va plus aux quatre coins de la planète et celle-ci, malmenée par l’industrie, l’énergie mais aussi par les pays émergents est donc en danger. Pour autant, l’écologie, en soi, n’est pas une politique ni une finalité. Elle doit, en revanche, refléter l’ampleur des problèmes posés et faire partie, de manière significative et transversale, de tout gouvernement démocratique et responsable qui n’aurait de cesse que de résoudre nos problèmes, quotidiens ou chroniques.
Il y a urgence. Les mesures peuvent être prises rapidement si tout le monde y met du sien et si l’ingérence ne relève que du devoir humanitaire. Il y a urgence pour toutes celles et tous ceux qui souffrent et il y a urgence pour celles et ceux réprimés par des régimes totalitaires, despotiques ou encore autocratiques. Il y a urgence partout et tout le temps. Mais y apporter des réponses rapides et efficaces relève de l’utopie, c’est d’ailleurs ce qui oppose, depuis des lustres, les humanistes qualifiés d’utopistes et les réalistes qui essaient en les hiérarchisant d’apporter des solutions qui ne sont rien d’autre qu’humanistes …
Bernard Marx