Si Nicolas Sarkozy a été élu, il y a une logique républicaine à ce qu’il ait une majorité au Parlement pour mettre en œuvre le projet sur lequel il a été élu. Il faut en accepter l’augure. C’est ainsi que fonctionnent nos institutions, réputées stables, et il appartient donc à celles et ceux qui, désormais se situent dans l’opposition, de limiter la casse.
Pourquoi, en revanche, en parler sur les plateaux des chaînes publiques et privées dès 20h15 dimanche soir dernier ? Allez savoir … Mais cela parut à bon nombre de téléspectateurs particulièrement indécent. Il y avait mieux à faire, beaucoup à dire, nombre de commentaires à mettre en avant au terme de cette longue, très longue campagne, campagne qui aura « usé » les nerfs des uns et qui commençait à « fatiguer » les autres.
Mais il y eut plus surréaliste encore ! Avec pour seuls arguments les résultats obtenus dans les grandes villes de France par Madame Royal ou M. Sarkozy, certains commentateurs se livraient déjà, le même soir, à des projections sur les potentiels résultats des élections municipales de l’an prochain, spéculations surréalistes d’ailleurs reprises par certaines équipes municipales s’octroyant ici un satisfecit, jugeant là qu’une élection présidentielle ne reflète pas les situations locales.
Nous, citoyens et électeurs de France, ne sommes pas des « machines à voter » ! Laisser nous souffler, que diable !
Il était en effet particulièrement incongru de déplacer le débat consistant à tirer les leçons d’un scrutin majeur pour le pays vers celui qui politiserait encore davantage des élections locales dont on ne peut regretter qu’elles ne soient plus, finalement, que des enjeux pour les grandes formations politiques, comme si la gestion d’une grande ville donnait, directement ou indirectement, davantage de moyens à la formation ou au parti qui l’emporte.
C’est justement de cette politisation donc les françaises et les français ne veulent plus !
Arrêtons – vraiment – de politiser toutes les consultations et d’entrer en campagne jusqu’à quinze mois, voire davantage, de l’échéance réelle !
Oui, ce fut incongru, déplacé, déplaisant que d’entendre nos dirigeants, de tous bords, parler ainsi des prochaines élections alors que le président élu n’est même pas entré en fonction et n’a même pas encore formé son équipe.
Oui, cela devient fatiguant d’assister à cette soif, cette avidité de pouvoir.
Oui, c’est affligeant que la classe politique dont le renouvellement est tant attendu ne fasse sien que le combat des urnes alors que la noblesse du mandat voudrait que l’on se batte d’abord et avant tout pour le bien commun.
Certes, le résultat de dimanche soir était attendu et n’a, finalement, surpris personne. Et du coup, les commentateurs ne pouvaient que constater ce que sondages et politologues avaient largement prévu et anticipé. Mais de grâce, était-ce si nécessaire, pour capter l’audience d’une chaîne contre une autre, pour muscler les échanges sur leurs plateaux, que soient ainsi abordées les prochaines échéances ?
Franchement, il est urgent d’attendre. De ramener un peu de sérénité et de calme dans le pays. De voir quelle « équipe de France » aura choisi le nouveau locataire de l’Elysée. Nous, citoyen et électeurs, ainsi instrumentalisés, alors que nous sommes revenus, massivement par notre participation au cœur du débat politique, n’accepterons pas que soient détournées nos intentions en faveur de manœuvres politiciennes.
Le moment est venu d’un retour au calme. Fini le fracas de la campagne. Et, de grâce, laissez nous souffler !