Les académiciens, nos chers immortels, sont montés au créneau pour défendre la langue française pourtant déjà tant écorchée par les langages de chat, de SMS et autres onomatopées et borborygmes nés des nouveaux moyens de dialoguer à la faveur de l’explosion des nouvelles technologies de l’information et de la communication.
Pourquoi ne pas accepter l’idée, pourtant historiquement incontestable, que subsistent le breton, l’alsacien et toutes les autres langues régionales y compris le corse, tous ces langages qui permettent au cœur de nos régions de créer ce ciment local qui fait cruellement défaut dans une Europe qui ne cesse de s’élargir au même rythme que se développent inquiétudes et oppositions à son sujet ?
Il faut de la confiance, de la cohésion sociale et de l’identité nationale et peu importe finalement la position des organismes institutionnels et supranationaux qui tentent d’édulcorer ce qu’il nous reste de spécificités !
La langue officielle, dans notre pays, est et restera le Français, une langue belle, pleine de nuances, une langue que l’on défend d’ailleurs, bec et ongle, depuis des générations, via notamment un ministère dédié qu’est celui de la Francophonie, un ministère qui a toujours contribué au rayonnement de la langue de Molière au plan international.
Peu importe alors qu’ici ou là les échanges se fassent en un dialecte qui appartient à l’Histoire régionale et/ou locale de nos territoires, ces moyens d’expression qui ont survécu à tous les soubresauts de notre Société sans jamais disparaître, faisant d’eux des vecteurs de fierté d’unité.
La question finalement n’est pas de savoir si la réforme constitutionnelle doit, ou non, intégrer ce paramètre secondaire que celui de la reconnaissance de ce qui a existé, qui continue d’exister et qui existera sans doute toujours. La vraie question est de savoir si officiellement, dans les pièces produites en justice, par exemple, d’autres langues que le Français peuvent être admises ou tolérées.
C’est un autre débat. C’est un autre enjeu.
Car s’attaquer à ce qu’il reste de spécifiquement français à nos identités locales, régionales, territoriales, c’est prendre le risque de faire imploser encore plus vite ce « magma » européen une fois de plus rejeté par le suffrage universel direct en Irlande il y a huit jours.
Après les « non » français et hollandais, le « non » irlandais, comme l’affirme l’eurosceptique tchèque qu’a rencontré le chef de l’Etat, sonne le glas des efforts consentis surtout par les pays fondateurs de la « Vieille Europe » pour la création d’un embryon institutionnel un peu vite baptisé «Constitution» ou
« Traité constitutionnel », logiquement et normalement rejeté, d’ailleurs, ce qui eût été le cas ailleurs si la procédure référendaire avait pu être licite, ne serait-ce qu’en raison de son article 9 qui prévoyait qu’elle ne pouvait être modifiée … Bel exemple d’anti-démocratie !
Le débat n’a pas lieu d’être. L’enjeu, le seul, est de savoir comment, sur les plan industriel et économique, nous parviendrons à faire front contre les blocs puissants que constituent l’Amérique, le Japon, la Chine et l’Inde, pour ne citer que ceux-là. Le reste, tout le reste, n’est que littérature, en français, en corse en alsacien ou en breton …