En cause : l’élévation du niveau de la mer
Des poissons et des algues tropicales ayant pris le chemin de la Méditerranée orientale, on en connaît depuis le percement en Egypte du Canal de Suez, en 1869.
Mais au temps du réchauffement planétaire, ces organismes sont selon la chercheuse autant de "candidats qui attendent dans la Méditerranée de se répandre d'avantage, parce qu'ils sont à l'origine adaptés à la chaleur alors que la plupart des espèces locales sont adaptées au froid".
Ce "conflit des civilisations" en eau salée, qui a déjà commencé avec la propagation d'invertébrés tels que le bivalve Brachidantes pharaonis des côtes du Levant à la Corse ou la méduse Rhopilema nomadica jusqu'au Péloponnèse, pourrait s'avérer fatal à nombre d'habitants originels, prévient Mme Galil.
"Dans l'Atlantique, les espèces froides peuvent monter jusqu'à Bergen (en Norvège), mais en Méditerranée il n'y a pas de Bergen, ça s'arrête à Marseille (sud de la France)", s'exclame-t-elle.
"Dans les eaux profondes, les organismes sont adaptés à des températures constantes, de l'ordre de 13°C, ils ne sont pas habitués aux changements saisonniers", explique Frédéric Briand, le directeur de la CIESM.
Troisième volet du triptyque, la montée des eaux, causée par la fonte des glaces et dans une moindre mesure la dilatation de l'eau sous l'effet de la chaleur, a déjà débuté en Méditerranée, explique le professeur Bouchta El Moumni, de l'Université de Tanger (Maroc).
Dans beaucoup de zones ces constructions sont déjà envahies ou démolies par l'élévation du niveau de la mer", relate le scientifique.
La situation tourne au dilemme pour Maria Snoussi, professeur à l'Université de Rabat, dont les travaux ont mis en évidence le rôle néfaste des barrages fluviaux dans l'approvisionnement des écosystèmes côtiers en sédiments et en éléments nutritifs.