
A priori, ces intentions sont louables. Les buts et moyens mis en œuvre auraient de quoi satisfaire tout un chacun. Les thèmes abordés, variés, parfois éclectiques, transversaux de notre économie, de notre industrie et de notre Société sont là, en outre, pour souligner, s’il en était encore besoin, les nécessaires mutations auxquelles il faudra faire face et qu’il sera préférable d’anticiper et de gérer plutôt que de les subir.
Jean-Louis Borloo, dans ses habits de ministre d’Etat, n’est ni naïf ni utopiste. Il a su planter le décor au sein duquel ces réunions, qui se sont enchaînées à un rythme plus que soutenu, devaient se limiter, en particulier dans la forme, mais aussi sur le fond.
En revanche, ce Grenelle donne, au passage, un sacré coup de vieux au système de planification qui sévissait il y a encore une vingtaine d’années. Ce système, qui se caractérisait par des décisions prises par une poignée de cols blancs, pour tracer une voie pour cinq années, voire davantage, et sans autre préalable que des rapports épais, souvent non lus, remis en amont, était le symbole même des dysfonctionnements majeurs du processus de décision d’un Etat réputé régalien.
Autre effet pervers de ce Grenelle, qui a ouvert une corne d’abondance, providentielle pour certains, est d’avoir ouvert la voie à moult pseudo-experts, consultants de tous poils, communicants opportunistes et autres vendeurs de vent dont le seul dénominateur commun est d’être ni pleutres, ni modestes mais suffisamment cupides et ingénieux.
Le résultat ne s’est guère fait attendre. Ils ont en effet tout fait pour initier de nouvelles pistes exploratoires, dont on sait par avance qu’elles n’aboutiront pas, pour lancer de nouvelles études, longues et coûteuses, pour lancer des investigations venant simplement confirmer ce que tout le monde sait déjà, pour enfin créer congrès, colloques, séminaires et assises sur ces sujets, des moments de rencontres et de débats fabriqués de toutes pièces pour flatter l’ego des intervenants appelés à payer, cher, leur contribution et permettre aux congressistes et autres spectateurs de ces événements de voyager, beaucoup, en des lieux parfois idylliques, aux frais de l’entreprise, de leur association voire dans certains cas de l’Etat.
Rien que l’empreinte carbone de tous ces déplacements pour tournicoter autour de ces concepts fumeux devrait leur être facturée !
Oui, fumeux ! Le Grenelle de l’Environnement a aussi, malheureusement donné naissance à un écosystème fumeux qui s’auto-entretient au travers des actions de communication orchestrées par leurs géniteurs mercantiles et vénaux, un écosystème qui vient en outre trahir et salir la noble cause de l’immense chantier en cours.
Rassurons-nous cependant : les élus et leurs équipes d’abord, les citoyens ensuite, sont tous en quête de propositions et de solutions tangibles et accessibles. Elles existent. Nous les avons rencontrées. Mais elles restent, encore aujourd’hui, « polluées » par ce réseau quasi mafieux de porteurs de projets fumeux, un réseau qui sème le doute et fait des dégâts, un réseau qu’il faut stopper dans son travail de sape des travaux salvateurs en cours conduits par d’honnêtes écoloréalistes …