Streiff, Gallois et les autres …
L’Allemagne est gagnante parce qu’elle a plus délocalisé que la France
Dans ce contexte, la politique de relèvement des taux d'intérêt de la BCE, menée au nom de la lutte contre l'inflation mais qui alimente la hausse de la devise européenne, a été la cible de moult critiques ces derniers mois, notamment de la part des candidats à l'élection présidentielle française.
Le candidat Nicolas Sarkozy avait ainsi appelé fin mars à une "offensive diplomatique pour obtenir de nos partenaires qu'ils fassent pression sur la BCE" et "pour que l'on mette en place un véritable gouvernement économique de l'Europe".
Les grands patrons, jusqu'ici relativement discrets en dépit d'un record historique de l'euro à 1,3682 dollar fin avril, ont visiblement décidé de prendre le relais.
"Ma préoccupation actuelle concerne le relèvement prochain des taux d'intérêt envisagé par la Banque centrale européenne, a souligné mardi Louis Gallois.
"Cela renforcera l'euro et ce n'est pas du tout une bonne nouvelle pour Airbus", a-t-il ajouté, avant d'avertir qu'une nouvelle hausse de la devise européenne face au dollar pourrait encore alourdir le plan de restructuration Power8, qui prévoit déjà 10.000 suppressions d'emploi chez Airbus et ses sous-traitants.
Si le président Sarkozy, en visite ce mercredi à Bruxelles, a semblé infléchir ses critiques de la BCE ces dernières semaines, certains espèrent qu'il parviendra à influencer la politique monétaire européenne.
Pour autant, les économistes n'y croient guère …
"On ne peut rien faire par rapport à l'euro et à la Banque centrale européenne (BCE), d'autant plus qu'on est les seuls demandeurs", a estimé lundi Olivier Davanne, de la société de gestion DPA Invest, lors d'un débat organisé par l'Association des journalistes économiques et financiers (AJEF). La France se trouve dans une situation très différente de celle de l'Allemagne, a renchéri Patrick Artus, chef économiste d'Ixis lors de ce débat.
Cette dernière, qui a délocalisé beaucoup d'activités ces dernières années, "gagne à un euro plus fort, à la différence de la France, qui réimporte beaucoup", a-t-il, fort justement, observé.