Or, cette apparition était spontanée, franche, courtoise et transparente. Même si Nicolas Sarkozy a nuancé les propos tenus par son Premier ministre sur l’Etat de nos finances, une « situation de faillite » évoquée par François Fillon, il n’est pas venu, les poches pleines, distribuer bons points et cadeaux à nos compatriotes.
Conscient des attentes – d’ailleurs impatientes – en termes de pouvoir d’achat d’une majorité des françaises et des français, les portes se sont ouvertes sur des pistes qui dépassent largement le slogan de campagne « travailler plus pour gagner plus ». Même si la réhabilitation du travail et de l’effort reste un thème présidentiel central.
Accords d’entreprises pour « contourner » la loi sur les 35 heures, monétisation des « stocks » de RTT, paiement des heures supplémentaires au tarif normal dans la fonction publique, notamment hospitalière, défiscalisation des primes d’intéressement pour les PME et les TPE, … tous les leviers d’un relèvement rapide de la dernière ligne du bulletin de paie ont sans doute été abordés.
Parallèlement, le chef de l’Etat a confirmé son engagement à réformer, tout ce qui doit l’être, simultanément, sans attendre, sans hiérarchiser ni prioritiser quoi que ce soit, le tout si possible dans un climat de confiance et de concertation, évoquant au passage la question de la représentativité, en particulier des syndicats, point qui n’a pas été revu depuis … 1966 !
Alors, effectivement, le Président n’est pas le Père Noël ! En revanche, il se bat, sans relâche, sur tous les fronts. Il va chercher la croissance là où elle se trouve. Il défend les intérêts des industriels de notre pays et des emplois qui en dépendent directement. Il trace les grandes lignes de son action présente et future, convaincu qu’il a été élu pour « secouer le cocotier », même si cela doit faire un peu mal aux entournures, même si cela doit déranger, même si cela doit rompre des habitudes presque séculaires d’inaction au profit d’une observation abondamment commentée par ses prédécesseurs de tous horizons.
A terme de ses 45 minutes d’interview depuis l’Elysée, l’on peut dire qu’il a été plutôt convaincant et – ô surprise – l’opposition s’est empressée de démolir ses propositions, les syndicats se sont engouffrés dans les brèches même les plus étroites laissées sur le plan social, la presse, écrite comme audiovisuelle, n’en a tiré que des enseignements presque spécieux qui révèlent que les politologues et commentateurs ont étayé leurs éditoriaux et tribunes sur le seul fondement des quelques minutes passées à l’écouter.
Une fois de plus, les médias jouent un rôle étrangement négatif, destructeur, nihiliste pour certains d’entre eux, comme si seule la fatalité et l’adversité étaient des thèmes porteurs et vendeurs.
Un point, un seul, mais ô combien essentiel et déterminant n’a pas été évoqué en profondeur et en détail : la vie chère, qui a un impact direct et forcément négatif sur le pouvoir d’achat. Il eût été courageux et honnête que de reconnaître la corrélation parfaite entre le passage à l’euro et la dégradation de notre pouvoir d’achat. Difficile exercice cependant pour celui qui vient de faire avaler aux autres – tous les autres ! – son Traité simplifié. Il aurait été judicieux d’aborder, sur les plans technique et économétrique, l’impact des matières premières chères, les effets du yuan et du dollar qui jouent un drôle de jeu par rapport à un euro trop fort, les vérités que chacun attend sur les bénéfices nés de la mondialisation de même que les pertes qu’engendre celle-ci en termes d’emplois et donc de coûts sociaux et de solidarité. Il eût été fin et subtil de mettre en perspective, puisque soufflait un vent libéral plutôt fort, une baisse calculée en valeur et dans le temps des prélèvements obligatoires et sociaux, pour que baissent les coûts directs et qu’augmentent la compétitivité de nos entreprises comme le volume du bas de laine des ménages. Une marche, une seule, mais d’importance, a été manquée lors de cette prestation télévisée …