Le 14 mai dernier, les deux journalistes, Eric Mandonnet et Ludovic Vigogne, de l’hebdomadaire racheté par le groupe belge d’édition, et d’impression Roularta, signaient un papier qui ne laissa personne indifférent : « Sarkozy-Fillon : pourquoi ils se détestent » !
Au menu, une analyse, sans doute pertinente et assez fine, des relations particulières qui animent ce couple de l’exécutif qui pourtant n’a pas fait connaissance le 06 mai 2007 mais bien avant et en particulier tout au long de la préparation minutieuse de la campagne de l’actuel locataire de l’Elysée.
Or, selon MM. Mandonnet et Vigogne, à propos des deux hommes, « ils continuent de travailler ensemble, mais, entre eux, la rupture est consommée : l'hiver a été fatal au couple exécutif. Au terme de la première année du quinquennat a commencé une nouvelle phase entre le président et le chef du gouvernement, entre l'Elysée et Matignon. Enquête sur une guerre secrète au sommet de l'Etat ».
Si le papier était signé d’Olivier Besancenot, on eût pu comprendre ce couplet quasi révolutionnaire mais venant de ce très sérieux et très lu magazine de fin de semaine, il est curieux que le « divorce » consommé entre les deux hommes soit ainsi mis en exergue.
Une photo est sans doute à l’origine de tout ce malaise et de tous ces commentaires sans doute, pour partie, un peu hâtifs. Il s’agit-là d’ailleurs d’une photo de trop, d’une photo, comme c’set souvent le cas, mise en scène pour apposer sur un cliché destiné à rassurer les deux hommes au chevet desquels figure le secrétaire général de l’Elysée, qui lui aussi serait victime d’un désamour du chef de l’Etat. Or, la genèse de cette mise en scène commuée en photo diffusée par nos confrères Gamma et Reuters, révèle, s’il en était besoin, l’extrême difficulté, surtout aujourd'hui, de mettre le président de la République et le Premier ministre sur un même cliché. Pourquoi ? Car, toujours selon les deux auteurs, les deux têtes de cet exécutif rénové avec l’arrivée de Nicolas Sarkozy à l’Elysée, ne pourraient, tout simplement, plus « s'encadrer » ! Voire …
Glaciale, la photo a fait le tour du monde. Elle est ce qu’elle est mais une chose est certaine, elle ne révèle certainement pas les sentiments – comme les ressentiments – pouvant exister entre les deux hommes et seuls leurs rapports humains, en intimité, en tête-à-tête, peuvent réellement laisser transparaître un éventuel désamour au mieux, une rupture, au pire.
On nous affirme qu’il y a éloignement entre les deux hommes et que, du coup, le secrétaire général de la présidence, Claude Guéant, s'acquitterait, à la demande du Président, de la tâche consistant à déjeuner, toutes les trois semaines, environ, à Matignon avec le Premier ministre. Drôle de raisonnement. S’ils ont des choses à se dire, à se reprocher, à arbitrer le cas échéant, avec tout le respect que l’on doit à M. Guéant, ce n’est en se transformant à chaque cycle lunaire en télégraphiste élyséen que le courant passera ni même que l’information, en continu, arrivera dans le bureau du chef de l’Etat !
On nous dit encore que « rien, décidément, ne va plus entre les deux hommes. Nicolas Sarkozy choisit de taper du poing sur la table. Il convoque le Premier ministre pour un entretien secret, qui ne figurera pas dans son agenda. Le mercredi 30 avril, il revient de Tunisie à l'heure du déjeuner; à 15 h 30, François Fillon quitte l'Assemblée nationale au milieu de la séance des questions d'actualité. Il traverse la Seine et se rend à l'Elysée. Devant certains visiteurs, le président n'a pas dissimulé son exaspération: Je vais lui dire de se bouger maintenant ! ». Ben voyons ! Sarkozy aurait, un an après son élection triomphale, décidé de revêtir les habits d’un agent de la circulation ? C’est vraiment nous prendre pour ce que nous ne sommes pas …
Sur plusieurs pages, les deux journalistes de l’Express supputent et allèguent avec allégresse sur des rapports dont finalement personne n’en connaît la vraie nature. Nicolas Sarkozy a sans doute mal vécu l’épisode des municipales, il a mal vécu aussi la sourde et puissante protestation d’impatience e nos compatriotes dans les urnes, il a mal vécu et continue de mal vivre son décrochage dans les sondages là où l’élu de la Sarthe limite plutôt bien les dégâts, simplement parce que les Français lui sont quelque part reconnaissants de ce courage et de cette énergie mis au service du pays via un nombre considérable de réformes et de chantiers ouverts.
A quelques semaines d’une présidence française de l’UE il serait, de toutes façons, mal venu de changer les têtes et de jouer aux chaises musicales. Ce ne sera pas le cas, en revanche, début 2009, cette page de l’Histoire tournée, au début d’une année nouvelle où François Fillon remettra sans doute sa démission parce que le fonction et les devoirs qui y sont liés l’auront usés.
Mais, d’ici là, le président cyclothymique désormais convaincu que l’ouverture a ses limites pourrait revenir à des pensées plus positives à l’endroit de ses plus fidèles amis, des amis dont il aura fatalement besoin pour restaurer son image et jusqu’à sa légitimité dans le pays. Alors, les papiers qui font vendre … du papier une fois relus huit mois plus tard, pourraient nous paraître alors bien dérisoires …