L’appui de Washington à Google n’est pas que symbolique. Car sans tomber dans un quelconque excès, ce différend s’est présenté à point nommé pour mettre les autorités chinoises face à leurs contradictions. Mettant en outre en lumière les dessous, ceux qui permettent, par exemple, de peser sur le marché, plutôt juteux, des ventes d’armes à Taïwan.
L’Europe malgré tous ses efforts ne parvient pas à se fédérer aussi vite, aussi fort et aussi bien que ne le souhaiteraient ses défenseurs et protagonistes. Ils sont souvent plus utopistes que réalistes.
L’Euro est certes une monnaie forte, qui a le mérite de permettre aux 27 membres de faire de substantielles économies sur leurs balances des paiements et d’importer des produits manufacturés à bon compte. Mais sa vertu semble s’arrêter là.
Car, dans le cas de la Chine, son irruption sur la scène mondiale, en tant que nouvelle et troisième puissance économique, suscite légitimement l’inquiétude dans la plupart des milieux. L’Histoire nous a montré, à plusieurs reprises, que de tels déséquilibres, observés sur une courte période, pouvaient le plus souvent se transformer en affrontements larvés dans un premier temps pour ensuite potentiellement être une source de conflits. Armés.
La Chine a des revanches à prendre. Quand bien même elle n’ait pas réussi à doubler le Japon en 2009, elle rattrape vite son ancien rival. Et corrélativement elle se rapproche aussi à pas très cadencés de la seconde place, soit juste derrière les Etats-Unis.
De ce côté de l’Atlantique, notre personnel politique, actuellement en campagne, pour des élections locales, est mobilisé sur des sujets paraissant véritablement accessoires, comparés aux enjeux auxquels nous, grandes démocraties et pays développés, sommes confrontés. Leurs pouvoirs comme leurs marges de manœuvre sont maigres. Le monde est sous le joug des sphères économiques et financières.
Bien sûr, désormais conscients que la désindustrialisation du Vieux continent est source de chômage, de précarité, de fragilité de certaines tranches de la population, s’adaptant moins facilement que d’autres aux profondes mutations qui affectent tous les secteurs, nos élus ne clament plus, haut et fort, les miracles de la société postindustrielle. Ils tentent en revanche de ramener au bercail ceux qui, déjà partis, pourraient être tentés de revenir.
L’hypocrisie est partout. Ceux qui médiatisent leur action environnementale se déplacent en avion ou hélicoptère privé. Ceux qui votent pour les altermondialistes sont les premiers à acheter des lecteurs de DVD, micro-ordinateurs, téléphones mobiles et autres lecteurs MP3 fabriqués en Asie avec une main d’œuvre trop jeune, sous-payée, sans protection, autant de facteurs qui rendent ces produits attractifs et qui, par leur prix, augmentent virtuellement notre pouvoir d’achat.
Les produits électroniques et informatiques ne sont isolés. La maroquinerie, la mode, l’automobile même, sont largement concernés et doivent leur accessibilité au plus grand nombre à ces régimes néo-communistes en réalité ultralibéraux qui leur permettent de se développer vite et fort et nous servir des produits de plus en plus convenables en termes de qualité comme de finition, des produits pour lesquels la seule matière première importée dans nos frontières rendrait impossible sa fabrication compétitive en France. Et même dans bon nombre de pays de l’Union.
Notre seul force, nos atouts incontournables sont heureusement ceux que l’on a placés dans les brevets et modèles déposés. Ceux que notre matière grise a su produire. Et continuer de le faire.
Les fabrications et commercialisations se font donc sous licence. Le plus souvent. Mais le destin des médicaments, avec leurs génériques, sera de même appliqué, implacable, aux produits manufacturés qui tomberont un jour dans le domaine public.
Cette perspective, chacun le sait, est relativement proche. Statistiquement, la propriété industrielle devrait faire sa mue dans les années qui viennent.
Alors pessimiste ce billet ? Pas tant qu’il n’y parait. Réaliste. Et plutôt direct. Et objectif.
Quelles solutions et quels modèles adopter ? La réponse n’est ni simple ni immédiate. En revanche, assurément, pour que la prospérité soit de retour dans nos villes et même nos campagnes, il nous faudra accepter de revisiter notre système complètement, de remettre à plat bien de nos avantages acquis au cours du siècle passé. Pour s’engager dans une compétition, loyale, débarrassée des surcharges fiscales et sociales qui font mourir nos entreprises, en favorisant le rapatriement autant que faire se peut d’un outil productif moderne, seul levier de création de valeur ajoutée et donc de richesses.
Pour un avenir où, les uns les autres, trouveront les voies médianes d’un juste équilibre entre les nations. Aux fins de nous garantir la paix. Et notre indépendance.
Bernard Marx