Nicolas Sarkozy pourtant ne ménage ni son temps, ni son énergie, ni ses efforts dans un contexte particulièrement difficile et qui affecte tous les grands pays industrialisés. Il fait avec ce qu’il a et ses méthodes pugnaces et volontaristes, parfois qualifiées d’autocratiques, ne plaisent pas, loin s’en faut, à tout le monde.
Certes, il donne le sentiment de tout régenter, de tout contrôler et diriger, de manipuler la communication comme l’information. Ce qui régale d’ailleurs les plumes qui lui sont résolument opposées.
Il a ce pendant sa légitimité issue du vote de 2007 mais dans la plupart des chantiers qui lui tiennent à cœur, les « amis » de la famille lui mettent des bâtons dans les roues, créent des ligues anti réformistes, modifient la forme et le fond, dans les deux Parlements, des textes que le Gouvernement voudrait bien vouloir faire adopter. Cette situation n’est plus tenable et il commence visiblement à douter de sa politique d’ouverture sans pour autant la remettre en cause.
En revanche, sa majorité l’agace. Son parti ne le soutient pas assez et en plus ne rencontre plus suffisamment d’écho dans le pays. L’opposition est morcelée mais tire à boulets rouges sur tout ce qui peut être entrepris. Et c’est au sein de cette opposition qui cherche à se reconstruire avec des idées et des projets nouveaux qu’il décèle davantage de talents que dans la cohorte de ses militants le doigt sur la couture.
Sondage défavorables ou pas, il ne se fait guère d’illusion : mars 2010 aura un air de Waterloo. Et s’il a choisi de « nationaliser » le débat sur ces élections locales, régionales, c’est aussi pour en faire un test en vraie grandeur des attentes de nos compatriotes dans cette ambiance délétère qui affecte finalement tout le monde, du sommet jusqu’à la « France d’en bas ».
Nul ne peut préjuger des décisions qu’il prendra au soir du second tour de ces élections qu’il a lui-même déplacées sur un terrain très politique voire politicien. Pourtant, sur la base de tous les paramètres évoqués et qui le minent, il pourrait, comme le fit son prédécesseur à contre-courant en 1997, décider de dissoudre le Parlement au simple motif que celui-ci n’est plus représentatif des aspirations du peuple souverain. Il prendrait alors le risque d’une cohabitation. Un risque important même. Avec, si tel était le cas, une cartographie politique sans doute très contrastée incluant presque toutes les formations politiques, une cartographie d’une Assemblée si peu claire que ladite cohabitation pourrait, finalement, se commuer en vaste coalition nationale sur la base d’un nouveau contrat social et même de société. Il n’est pas exclu que ce schéma là ne lui plaise pas et c’est sans doute la raison pour laquelle, après avoir pesé les avantages et les inconvénients, il pourrait, au printemps prochain, être mûr pour aller dans cette voie d’un « chiraquisme » naguère critiqué mais qui, au fond, n’avait pour dessein que d’utiliser la « boîte à outils » e la Vème République pour plus de démocratie et davantage de représentativité des sensibilités aussi diverses dans nos institutions.