La gauche veut se refaire une santé ? Alors elle crie « au loup » ! Avant les présidentielles, l'équipe en charge de l'exécutif était dangereuse pour le pays comme naguère Jacques Chirac était à hue et à dia taxé de fascisme. Que reste-t-il de ces mensonges préélectoraux ?
La stratégie des opposants est, bien entendu, de faire opposition. Mais cette règle devenue depuis plus d'un demi-siècle systématique, jouant sur les peurs des uns, exacerbant les angoisses des autres, a fait long feu en ce début de troisième millénaire. Les électrices et les électeurs, mieux informés, plus mûrs, plus exigeants aussi, demandent un pouvoir efficace et une opposition constructive. Telle n'est pas, aujourd'hui, la situation du pays.
C'est un sentiment confus, conscient chez les uns, inconscient ou diffus chez les autres mais l'exécutif n'est pas jugé de manière objective. A cause des frasques d'un super président en plein désamour d'avec un peuple qui attendait tant de lui ? Sans doute un peu. Mais pas seulement. Le contexte économique et social est difficile, dur, rude. Le locataire de l'Elysée n'a pas la chance qu'avait, à l'époque Lionel Jospin, Premier ministre, surfant sur une croissance dont chacun rêverait et avec une stabilité géopolitique désormais oubliée. Les salariés comme les entrepreneurs n'en peuvent plus de ce mensonge permanent dans lequel ils évoluent : la perte de confiance est presque totale, dans les dirigeants de notre classe politique, dans les syndicats, dans le patronat, dans les médias, dans l'éducation, etc. Bref, plus rien ne semble marcher droit et les mouvements sociaux comme d'humeur auxquels l'on assiste pourraient presque être mis en parallèle d'avec ceux qui surgirent quelques années à peine avant mai 1968. « Dany le rouge » est toujours là, bien vivant, accroché à ses valeurs et se verrait peut-être, une fois encore, scander dans les rues de la capitale « nous sommes tous des juifs allemands » !
Plaisanterie mise à part, le malaise est là alors que jamais, sous aucune de nos trois précédentes républiques, autant de chantiers de réformes n'ont été ouverts en même temps, convergeant tous vers un but et un seul, celui de tenir les promesses du candidat Sarkozy auquel on vient reprocher aujourd'hui son absence de résultats. La patience n'est de toute évidence pas la principale vertu de notre peuple et faire ce procès-là à Nicolas Sarkozy mais aussi et surtout à François Fillon et toute son équipe n'est pas juste. Pas davantage honnête.
La France doit être réformée, modernisée, réindustrialisée. Elle doit redevenir une terre d'attraction, un lieu sur cette Terre où l'« american dream » n'est pas forcément outre-Atlantique.
Déconnectant volontairement et à juste raison le débat et le scrutin municipal de l'action du gouvernement et du Parlement, François Fillon a eu raison de recadrer le débat sur les ondes de notre confrère Europe1, avec cette volonté farouche qui l'anime de poursuivre les réformes engagées et même de les amplifier.
« Après les municipales, on va accélérer » a-t-il déclaré et il sait, bien évidemment, de quoi il parle.
Il a annoncé un projet de modernisation de l'économie, promis des mesures de soutien aux petites et moyennes entreprises, les seules à créer vraiment de l'emploi et donc des richesses, il a évoqué aussi « un plan très ambitieux de soutien aux nouvelles technologies » car il est convaincu que celles-ci sont un levier d'efficacité et de productivité qui permettront à nos entreprises, nos artisans mais aussi nos collectivités d'affronter les dures lois de la globalisation et de lisser quelque peu les effets de la mondialisation.
Alors non, il le clame haut et fort : « Il n'y aura pas de plan de rigueur » après les municipales car « il y a un budget 2008 qui a été voté par le Parlement, il sera mis en œuvre ». L'homme, solide, discret, républicain, mène sa barque par tous les temps et respecte les règles du jeu. Mais il entend aussi que celles-ci soient respectées par ses détracteurs. Alors, quand par la voix de Michel Sapin, ancien ministre, interprétant volontairement des « ajustements » évoqués par le premier ministre comme un « aveu », on peut comprendre que l'élu de la Sarthe préfère regarder devant lui, qu'il soit tenté de garder le cap car lui le sait, comme chacun d'entre nous, pour avoir tant et trop attendu, « nous n'avons pas le droit à la pause » …