Quand on n’accepte pas les faits, quand on réfute la vérité, quand on dérive dans cette forme particulière se schizophrénie, on abandonne ses électrices et ses électeurs de sa région où l’on a été parachutée et l’on s’empresse de brandir la menace du recours en justice, on évoque une démarche révolutionnaire un tantinet putschiste consistant à organiser des manifestations de rues devant le siège de la bataille de Solferino. Elle est amère, elle est déçue, c’est un fait. Mais alors que naguère François Mitterrand, au moment de la première cohabitation, essuyait les larmes chaudes de l’actuelle présidente de région Poitou-Charentes parce qu’elle trouvait la sanction électorale injuste, il était naturel et normal, parce qu’elle n’a pas changé, pas d’un iota, qu’elle et son propre camp fassent la demande expresse de rejouer la pièce, de refaire le film. Bref, toute la stratégie de l'ex-candidate à la présidentielle consiste purement et simplement à demander, officiellement et le cas échéant par voie de droit, que le vote des adhérents, du 21 novembre, soit annulé.
Elle a certes des arguments et certaines irrégularités, dans les deux sens, ont bien eu lieu. L’équation, en revanche, pour l’ancien ministre de l’Intérieur, Daniel Vaillant, président de la désormais fameuse "commission de récolement", chargée de passer au crible les litiges autour du vote, semble difficile voir impossible à résoudre.
Elle est dure cette loi de la démocratie qui veut que le gagnant peut l’être avec une seule et simple voix d’avance. Ce fut d’ailleurs presque le cas lors de l’élection serrée qui porta Valery Giscard d’Estaing à la présidence de la République. Et pour autant, dans l’exercice de ses fonctions, il s’est paré immédiatement de nouveaux habits pour être le président de tous les français et pas seulement de la courte majorité qui avait voté pour lui.
Les « royalistes », désormais, avec leurs menaces, leur invective permanente et leur agressivité à l’endroit du camp adverse auront permis une chose : celle d’atteindre un point de non-retour. D’ailleurs, l’un des grands soutiens de Martien Aubry, Jean-Christophe Cambadélis, a fort justement parlé de "politique de la terre brûlée" menée par le camp adverse !
A l’heure où sont écrites ces lignes, l’écart qui sépare les deux femmes, les deux énarques et les deux anciens ministres n’est plus que de quatre voix. Rien ni personne ne saura, jamais, ce qu’un scrutin correctement organisé eût donné comme résultat, en surveillant, bien sûr, les lieux de vote et les feuilles d’émargement mais en limitant l’accès au vote, également, aux seuls militants à jour de leur cotisation.
La « dame de Melle » s’est créé via les technologies de l’Internet, via le recrutement à prix discount de soutiens pour la présidentielle, une force de soutien qui lui a servi dans le passé mais dont les fondations ont cédé à l’épreuve du temps comme à l’épreuve des faits.
La soif de pouvoir ne s’étanche pas facilement et Ségolène en est un exemple vivant. Pour autant, elle a déçu, par ses réactions, par son comportement, jusqu’à ses propres étais qui jusqu’ici la soutenaient. Va-t-elle faire cavalier seul en se mettant sur orbite pour l’élection présidentielle de 2012 en « boudant » le PS mais en se privant aussi de ses importants moyens et relais d’opinion ? Va-t-elle se transformer en une ombre omniprésente dans un parti affaibli et divisé ?
Nul ne le sait encore. La question, la vraie, la seule, que devraient se poser celles et ceux qui aspirent à un parti socialiste fort et en phase avec sa base composée de militants mais aussi de très nombreux sympathisants est de savoir quelle offre politique nouvelle, dans une société mondialisée, dans une économie de marché globalisée, il est possible de mettre en perspective pour pouvoir prétendre revenir aux responsabilités. Nous en sommes encore loin, si éloignés, que l’on ne peut, pour l’instant, que s’étonner de la place que les médias écrits et audiovisuels consacrent à cet épisode, cette péripétie, de notre vie politique alors que 130.000 personnes seulement se sont déplacées aux urnes pour élire non pas un candidat, non pas un présidentiable, mais une « autorité moral » capable de mettre de l’ordre dans la maison qui par son trop-plein de courants a fini par imploser …