En effet, le chef de l'Etat, au plus bas dans les sondages, semble inéluctablement confronté à la déception des Français. A peine un an après son élection pourtant triomphale. Et quand bien même le chef de l’Etat fasse tout pour reprendre la main, l’avis de tempête est maintenu par les « météorologues » de la politique puisque Nicolas Sarkozy s’est également personnellement impliqué et s'est donc fortement engagé sur la réforme – certes toujours en cours de discussion - des institutions, une réforme en profondeur qui, rappelons-le, constitue l'un des piliers de son programme quinquennal.
Le texte sur les OGM, très controversé, a en tout état de cause été rejeté ! Comment ? Par l'adoption, à une voix près (ndlr 136 voix contre 135) d'une motion de procédure « hostile » déposée par un député communiste forcément malicieux …
Pour mémoire, ce texte visait à autoriser tout en les réglementant les cultures d’organes génétiquement modifiés, même si actuellement ceux-ci restent frappés par un moratoire dans notre pays. Or, leur coexistence, avec l'agriculture traditionnelle, tout en instaurant un délit spécifique de "fauchage" passible de deux ans d'emprisonnement, aura divisé toute la classe politique, déplaçant au passage d’ailleurs tous les clivages traditionnels.
Voilà bien, s’il en était besoin, le signe d'une crise de confiance croissante au sein de la majorité
Par effet mécanique, le couple Fillon / Borloo en prend pour son grade et perd encore davantage en légitimité, ceci à quelques encablures seulement de la présidence de la France de l’Union européenne le 1er juillet prochain, date avant laquelle et période durant laquelle il serait périlleux de modifier la donne institutionnelle comme gouvernementale.
Si les Verts, le PS et José Bové et ses amis altermondialistes peuvent se réjouir des choix de la représentation nationale, il faut cependant aller un peu plus loin et un peu plus profond dans l’analyse car nos députés parisiens ont certes fait un choix de défiance calculé mais aussi un choix de terrain : ils ne veulent absolument pas se couper de leur base, composée pour partie d’agriculteurs et de citoyennes et citoyens qui sans être écologistes sur le plan politique semblent durablement et fortement attachés au retour à des valeurs saines, des repères lisibles et de la transparence en matière de santé publique, une transparence mise à mal par la grande distribution, notamment, qui n’hésite pas malgré ses rayons « bio » à mettre en tête de gondole des centaines de produits dont la composition fait plus ou moins clairement apparaître l’existence de ces OGM dont personne ne semble vouloir.
Le débat est passionné et passionnel
Depuis le temps que nous mangeons des clémentines sans pépins et des pommes, poires et autres tomates au « look » si tentant, il est clair que la banalisation des OGM était déjà bien en marche !
En revanche, l’Etat a, à cet égard, un devoir d’inventaire : il doit en toute transparence et honnêteté informer la population sur les risques connus et/ou encourus avec telle ou telle substance , les dernières expérimentées étant, assurément, les plus périlleuses et sont celles, en outre, pour lesquelles nous n’avons pas ou peu de recul.
Bref, hors le Brésil qui cultive après le sommet de Rio des OGM pour le monde entier et ce qui ne semble gêner personne, l’Europe et la France vont, dans cette affaire, devoir arbitrer, décider et consulter avant de remettre à l’ordre du jour des propositions qui engagent les consommateurs comme les générations futures …