Il a suggéré, le 22 février sur RMC, que le parrainage ne soit pas rendu public et qu'un maire puisse parrainer deux candidats. «L'anonymat est une formule qui permettrait la liberté du maire et sa réelle liberté de conscience», expliquait-il,. Quant au deuxième parrainage, il permettrait de «diluer le soutien politique». «Aujourd'hui, il y a une confusion entre les parrainages et le soutien politique», déplore le président de l'AMF.
De son côté, rappelle le journal, le ministre délégué aux collectivités locales, Brice Hortefeux, a fait une suggestion dans un entretien au Figaro, le 23 février: «Pour l'avenir, une réflexion doit être engagée soit sur le nombre de parrainages, soit sur la publicité donnée à ces signatures. On pourrait aussi imaginer la création d'une voie alternative d'accès à la candidature : le recueil d'un nombre significatif de signatures de citoyens, à l'instar de ce qui se fait en Autriche, au Portugal et en Finlande.»
Dans la course aux signatures, les élus ruraux, le plus souvent sans affiliation partisane, jouent un rôle déterminant et sont plus sollicités que jamais. «Le calcul est simple, résume Claude Terouinard, maire de Châtillon-en-Dunois, 750 habitants, dans l'Eure-et-Loir. Sur 45.000 signataires possibles, les maires des communes de moins de 2.000 habitants représentent 32.000 personnes, soit la très large majorité. Les candidats viennent nous casser les pieds tous les cinq ans. Le reste du temps, ils nous ignorent. Pour ma part, je fais la grève du parrainage. Je ne me fais aucun souci pour les grands partis, qui auront leurs signatures. Et je n'ai pas envie de voir Le Pen au second tour.»
Le maire de la commune d'Andelarre, 120 habitants, en Haute-Saône Jean-Joseph de Valicourt, avait quant à lui accordé son parrainage à Jean-Marie Le Pen en 2002. On ne l'y reprendra plus. «Mon nom est paru en gros dans L'Est républicain. Cela a semé la zizanie dans le village. Plusieurs personnes ont affirmé que le conseil municipal était pour le Front national, ce qui est faux. Moi, j'estimais que Le Pen méritait de se présenter. Cela ne veut pas dire que je votais pour lui.» M. de Valicourt déplore que les noms des parrains soient rendus public. «Le vote est secret, pourquoi le parrainage ne le serait-il pas?», interroge-t-il.
Philippe Laurent, maire (UDF) de Sceaux et vice-président de l'AMF, serait favorable lui aussi à l'anonymat : «A quoi cela sert de rendre publics les noms si l'on dit par ailleurs que le parrainage n'est pas un soutien ?» Lui n'envisage pas de donner sa signature à quelqu'un d'autre que François Bayrou.«Pour un maire d'une grande ville, ce n'est pas évident de soutenir un petit candidat, dit-il. Cela serait utilisé contre lui. J'aurais pu parrainer Nicolas Hulot, si François Bayrou n'avait pas été candidat. Aujourd'hui, si je ne renvoyais pas mon parrainage, cela ne passerait pas inaperçu dans le mouvement.»
Quant à Gérard Pelletier, président de l'Association des maires ruraux de France, qui se dit très sceptique sur le fait de rendre secrets les parrainages -«C'est le meilleur moyen d'avoir une soixantaine de candidats.»-, il estime qu’entre les promesses et les signatures effectives, il y aurait une perte de près de 20 %. «La majorité des formulaires seront renvoyés cette semaine. On devrait donc être fixé très vite sur le nombre des signatures des uns et des autres.»