Autocritique
« Depuis trente ans, Droite et Gauche, nous nous sommes efforcés d'ajuster le modèle français, au lieu de le repenser de fond en comble », a-t-il jugé faisant ainsi le constat que, collectivement, « nous n'avons pas été au bout des réformes ». En conséquence, la France est aujourd'hui reléguée « au 16e rang des pays de l'OCDE pour la richesse produite par habitant », un repli qui n’est pas digne de notre grande nation et, pour combler ce retard, le Premier ministre s'est engagé « à renouveler la démocratie politique, à moderniser la démocratie sociale et à remporter la bataille de l'intelligence. » Bref, pour lui, l’enjeu majeur va consister « à réécrire un contrat politique, social et culturel avec les Français ».
Une « priorité absolue » : la réforme de l’Université
Ainsi, là où l’on ne l’attendait pas, François Fillon frappe fort : la réforme de l'université est décrétée "priorité absolue" avec un double objectif :
- conduire la moitié d'une classe d'âge à l'obtention d'un diplôme de l'enseignement supérieur,
- et faire des universités françaises "des pôles d'excellence".
Rien de moins !
Sur ce terrain encore trop peu consensuel, François Fillon s'est félicité de l'orientation de l'avant-projet de loi, un texte censé accorder une " autonomie réelle " aux universités et qui, bientôt, sera discuté en conseil des ministres, après un éventuel arbitrage du Président sans que celui-ci n’abandonne les grands axes de ses promesses.
Il a en outre confirmé la généralisation du soutien scolaire individualisé, précisant que les études dirigées de fin de journée pour tous les collégiens seraient instaurées dès la rentrée 2008.
Parallèlement, il a pris l’engagement solennel de développer l'effort de recherche, sans renier la recherche fondamentale, mais en s'appuyant davantage sur les entreprises. Il a, pour cela, préconisé la simplification des crédits impôts, affirmant que la France allait « tendre vers les 3% du PIB consacrés à la recherche », une vraie révolution !
Cet effort en amont doit déboucher sur le plein emploi d’ici 5 ans
Il a donné à son gouvernement trois défis à relever sur le front économique :
- juguler enfin le « cancer au cœur de la crise nationale » qu’est le chômage,
- faire face au vieillissement de la population notamment par « la réforme des régimes spéciaux des retraites », elle aussi prévue pour 2008,
- réformer l'assurance maladie par d’incontournables « mesures structurelles » dont notre pays ne peut plus, désormais, faire l’économie, sans renier ni le projet de franchise mais en acceptant d’étudier le principe d’un « bouclier sanitaire » tel que proposé par M. Hirsch.
Quant à la réduction de la dette, elle ne se fera qu’au prix d’économies drastiques de gestion : « dès 2008, les dépenses de l'Etat seront strictement reconduites en volume » et – pour mémoire - « les dotations de l'Etat aux collectivités locales ne pourront être supérieures à l'inflation à partir de 2008 ».
Il a bien évidemment reformulé le souhait de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, un projet permettant d'allouer 50% des économies réalisées à « l'amélioration des carrières dans la fonction publique », là encore une perspective largement développée par le chef de l'Etat.
Renouveler la démocratie politique et la démocratie sociale
La réforme de la démocratie politique passe par la nécessité de renforcer le pouvoir du Parlement : "la procédure législative doit être dépoussiérée", a-t-il indiqué, proposant un nouveau partage du travail en commissions et en séances publiques, de même que la réforme de l'ordre du jour, appelant également de ses vœux que soient revus le nombre et le rôle des commissions jusqu’à proposer, en revanche, la création d'une commission du développement durable.
Mais François Fillon a également proposé que " les commissions puissent donner leurs avis sur les nominations du gouvernement ". Notamment à la tête des autorités administratives indépendantes (AAI), comme le CSA, ou des directions d'entreprises publiques.
Quant à la réforme de la démocratie sociale, elle est, à ses yeux essentielle et doit être revisitée car, pour reprendre ses propres termes :
- « On ne battit pas une économie efficace sur les décombres du dialogue social »,
- « Tout ne peut pas être régi par l’Etat »,
- « (…) la nécessité de la concertation ne peut se substituer à l’obligation d’agir »,
- la représentativité des organisations syndicales se doit d’être modifiée pour « la fonder sur leur audience », pour « permettre à la culture du contrat de s’imposer ».
Contrairement au Cassandre, c’est un François Fillon clair, déterminé, sans tabous qui s’est exprimé devant la représentation nationale, se frayant ainsi un chemin plus lisible entre les actions de son « patron » et les actions concertées de son équipe gouvernementale, le tout dans le cadre d’institutions rénovées de fait et qui le seront au terme des travaux d’une Commission ad hoc présidée par Philippe Séguin, assisté de représentants emblématiques de l’opposition.