Les états aussi déposent le bilan
En effet, qui, même l’an passé, pouvait imaginer des Etats en faillite ? Ou à tout le moins au bord de la cessation des paiements ? Or, mois a près mois, ce sont l'Islande, la Lettonie et la Hongrie qui nous ont fait la démonstration que c'était non seulement possible mais également rapide.
Quid du déficit français ?
Quand le déficit de notre pays, en pleine croissance, atteignait 3 % du PIB, les Cassandre craignaient déjà pour la solvabilité et la pérennité de la maison France. Alors, rendez vous compte ! Avec une prévision à 5,5 %, cette année et cette fois en pleine récession, n’y-a-t-il rien à redouter ?
La faillite du système, pas le système français, le système mafieux instauré depuis plusieurs décennies, est en marche. Peu importe que ceux qui rêvent de révolution se réjouissent allègrement de ce constat de faillite, peu importe que certaines banques ou encore certaines grandes entreprises connaissent les plus grandes difficultés. Toutes ont joué et toutes ont perdu.
Inéluctablement, la crise conduit à la faillite et dès lors les questions de liquidations judiciaires ou de difficultés temporaires paraissent secondaires, relevant du « détail » car il s’agit bien là d’analyser l'échec, apparemment insurmontable, de toute l'économie mondiale, un échec dont la France devra assumer une partie par le déficit public en reportant les erreurs et l’incompétence des acteurs privés et les errements de certains acteurs publics ou parapublics sur les impôts des générations futures.
Une étymologie qui en dit long
Dans faillite, il y a « celui qui a failli », donc celui réputé avoir trompé son monde à savoir un faussaire, un falsificateur, … autant de termes ayant tous la même origine que « faillite » !
Et synonyme de malhonnête comme d’incompétent.
Dans le domaine éthique, il est normal et juste que celui qui a failli soit tenu pour responsable de ses erreurs et fautes et qu’il en soit comptable. Mais la situation actuelle est bien plus complexe car le « crime était organisé ».
Certes, nos dirigeants sont tous responsables et donc coupables. Ils auraient pu éviter la catastrophe. Ils auraient dû agir autrement. Mais le mal est fait.
Les faillites financières ou industrielles, conséquences directes des escrocs, rapaces et autres imbéciles ne sont pas si nombreuses.
En revanche, la faillite globale nous vient du « toujours plus » et de l’égoïsme que certains auteurs de talent nous avaient présenté comme deux sources essentielles d’une déchéance.
Le commerce illicite qui a dépassé les dix points du PIB mondial s’est développé au vu et au su de tous les dirigeants de la planète et cela n’a, apparemment, ému personne !
La possibilité de spéculer sur tout et n’importe quoi, à la manière des bookmakers, en jouant ici à la baisse sur une valeur, là à la hausse sur un indice quasi virtuel, et tout ceci bien sûr à découvert, c’était un bon moyen, en période de croissance, de gagner de l’argent, beaucoup d’argent, rapidement mais cela s’apparentait à des jeux de casino et non à de la finance.
Et tous les employés et cadres des établissements financiers étaient de mèche : ils avaient leur part du gâteau, en salaires et primes. Ils ne faisaient plus leur métier mais leur nouvelle activité leur rapportait tant …
En revanche, l’effet ciseau a été mortel. L’inversion brutale de la conjoncture et des tendances boursières ne répondait plus à aucun des modèles conçus par ces « brillants mathématiciens » qui faisaient tendre vers l’infini leurs courbes de croissance et donc de profits.
S’agit-il de la faillite du capitalisme ?
A dire vrai, personne n'en sait rien car nul ne connaît la suite du film et finalement tout n’est qu’affaire de croyance. Et donc chacun aura tendance à prophétiser. Selon ses fantasmes ou ses désirs.
Pour ceux qui depuis si longtemps rêvent d'abattre le capitalisme, les difficultés actuelles ont de quoi les ravir. En revanche, pour qui souhaite voir le système démocratique, libéral et d’économie de marché, réformé mais être perpétué, en faisant donc l'impasse du communisme, les seuls arguments, au demeurant faibles, se résument en ces quelques mots : « toutes ces catastrophes ne sont qu'incidents de parcours et un jour prochain tout repartira de plus belle... ». Mais ce n’est pas, là encore, si simple.
Nous vivons simultanément une révolution, une restauration et une mutation. La modélisation de ce triptyque n’est pas possible et personne ne peut prétendre détenir la science sûre et infuse qui nous permettrait de savoir, en dépit des boussoles déréglées, à quelle sauce nous serons mangés.
Laissons aux prévisionnistes, les vrais et aux experts en prospective le soin de nous proposer des schémas et tournons le dos, résolument à tous ces marchands de lendemains « clefs en main ». Car personne aujourd’hui ne peut encore nous dire pour qui sonne le glas …