Visiblement, les gesticulations du président iranien, les dangers que brandissent ici la Corée du Nord, là d’autres nations moyen-orientales, ne parviennent pas à mobiliser la communauté internationale. Loin s’en faut !
Le président américain, George W. Bush, malgré ses énormes défauts, a su gérer la mutation de son pays pour faire face aux nouvelles menaces que la modernité des armes et des méthodes dirigent vers les grandes démocraties modernes, vers la majorité des pays développés.
Désormais diffus, éparpillés, disséminés de part le monde, les terroristes du XXIème siècle peuvent, si l’on n’y prend garde, frapper où ils veulent, quand ils le souhaitent et ce en dépit de presque toutes les mesures de protection prises.
Pour y faire face, au moins partiellement, l’état-major américain a, il y a déjà plusieurs années, confirmé les investissements et recherches initiés il y a dix ans lorsque Bill Clinton présidait aux destinées de la première puissance mondiale, en convaincant ses alliés de la nécessité d’avoir un bouclier antimissiles déployé face aux menaces identifiées.
Ancien patron du KGB, Vladimir Poutine, ne serait-ce que pour des raisons intérieures, ne pouvait en accepter l’augure sans réagir et faire la démonstration, au reste du monde, que la Russie est toujours ce grand pays, cette grande puissance, malgré le démantèlement de l’Union soviétique, redonnant ainsi du lustre à son pays affaibli et de l’espoir à ses citoyens fiers et toujours enclins à donner le change au grand démon qu’est l’oncle Sam.
Donc, le président russe Vladimir Poutine, très offensif à la veille du sommet G8, a menacé de pointer de nouveaux missiles vers l'Europe si les Etats-Unis y déploient leur bouclier antimissile, comme au bon vieux temps de la guerre froide.
Il n’a d’ailleurs pas hésité à ajouter, pour être on ne peut plus clair : « Si le potentiel nucléaire américain s'étend sur le territoire européen, nous devrons prendre de nouvelles cibles en Europe ».
Dont acte. On peut, en revanche, s’étonner d’une telle agressivité du président russe qui, en vrac, a déclaré, directement ou indirectement :
- « Il revient à nos militaires de définir ces cibles tout comme de choisir entre missiles balistiques et missiles de croisière »
- « Si des composantes stratégiques de l'arsenal américain font leur apparition en Europe près de nos frontières, nous serons obligés de (...) supprimer les menaces potentielles résultant de ce déploiement »
- « On nous dit que cette défense sert contre les missiles iraniens, mais aucun missile iranien n'a de portée suffisante. Il devient alors évident que cette nouveauté nous concerne aussi nous, Russes »
Joignant le geste à la parole, la Russie a donc testé, le 30 mai dernier, un nouveau missile intercontinental à têtes multiples, en "réponse aux actes unilatéraux et infondés de nos partenaires", a aussitôt clamé M. Poutine, soit en d'autres termes au projet de bouclier américain.
Quinze ans après l'effondrement de l'Union soviétique et la fin de la Guerre froide, la Russie voit en effet d'un très mauvais œil l'Otan s'étendre vers l'Est et les bases américaines se multiplier à ses portes, de la Roumanie au Kirghizstan.
Comme au temps de la guerre froide, lorsque l'URSS et les Etats-Unis se mesuraient en permanence à l'aune de leur potentiel stratégique, Moscou affirme que ce bouclier accroît les risques d'un conflit nucléaire et ébranle l'équilibre stratégique du monde. Déjà, à A Londres, le porte-parole officiel du Premier ministre britannique Tony Blair a affirmé que l'Europe dans son ensemble est "préoccupée par l'attitude de la Russie et ne sera pas timide en exprimant ses préoccupations".
On croyait le Parti communiste défunt, les idées collectivistes surannées et l’impérialisme soviétique révolu. Il faut malheureusement se rendre à l’évidence : après certes quinze années de vache maigre, les vieux démons reprennent du service, se revigorent, reviennent dans nos mémoires rafraîchir ces tristes souvenirs de 70 années de totalitarisme alors qu’aucun danger intracommunautaire n’existe ni n’a de chance de se développer. Ce terrible bras de fer ne laissera pas – espérons-le – indifférente l’Union européenne qui, désormais, a les moyens de l’infléchir, une Union européenne qui, désormais, a les moyens d’exercer les pressions idoines pour calmer ces ardeurs d’un autre temps …