Notre célèbre ménagère de plus de cinquante ans s’est payé le luxe de dialoguer avec le sociologue Alain Touraine auquel d’ailleurs revient le titre de l'ouvrage. Mais Madame Royal, lors d'une rencontre avec la presse écrite régionale, a tenu à préciser que son ouvrage serait disponible le 8 juillet. Ce sont là les modalités disons à la fois pratiques et logistiques car sur le plan purement littéraire, elle concède volontiers qu’Alain Touraine a écrit sa partie tandis qu’elle se réserve l’honneur et l’avantage de se poser des questions, des questions qui, naturellement, seraient les leçons sur le plan politique qu’elle pourrait utilement tirer du regard du sociologue sur tous les thèmes abordés, de l’éducation à la France politique du 3ème millénaire en passant par le « vivre ensemble, égaux et différents » …
Un coup de pub, certes, mais tardif
Madame Royal n’a pas encore intégré tous les paramètres qui différencient les gagneurs des éternels perdants : en rendant public le 8 juillet un ouvrage marqué de son nom sans en être l’auteur directement, elle a près d’une semaine de retard sur l’échéance du 2 juillet, date à laquelle doivent parvenir au parti socialiste, date limite du dépôt des textes limités à 90.000 signes des contributions des candidats et date à laquelle aussi est prévu un "Conseil national d'enregistrement des contributions générales et thématiques".
Au PS, le temps est aux contributions en vue du Congrès de Reims
En effet, signées de Laurent Fabius, Pierre Moscovici, Bertrand Delanoë, François Hollande ou … Ségolène Royal, une dizaine de contributions sont annoncées en vue du congrès du Parti prévu en novembre à Reims.
Une proche de Martine Aubry, l'ancienne garde des Sceaux Marylise Lebranchu a dégainé la première, privilégiant le travail de fond et se positionnant "en fidélité" et "en complémentarité" avec la maire de Lille.
Plusieurs contributions rendues publiques cette semaine ont marqué les différences et donné, si l’on peut dire, le « la » d’un pseudo rassemblement qui sera fratricide. Mardi matin, Laurent Fabius a tiré le premier avec son engagement toujours résolument à gauche, cette gauche du siècle passé dont il n’arrive pas à se désengluer, cette gauche qui prône le
« non au libéralisme, le oui à la puissance publique » pour reprendre son expression bien léchée.
Selon sa contribution, "le libéralisme économique, loin d'être une solution, aggrave les crises"; il faut donc emprunter un autre chemin que "la social-démocratie traditionnelle" qui – avoue-t-il - "est en difficulté" se basant pour cette appréciation plus conjoncturelle que structurelle sur les résultats électoraux récents. Bref, l’ancien Premier ministre reprend à son compte le concept de Dominique Strauss-Kahn de "socialisme de la production", préconisant une puissance publique active par création d' "un Fonds souverain France" volant au secours des "industries stratégiques" et, au niveau européen, lançant de "grands emprunts" pour de vastes projets dans les transports et l'énergie, … bref, en un mot comme en mille, tout ce qu’il faut à l’apprenti-chimiste pour creuser encore davantage le déficit public, accroître la dette et fragiliser notre pays dans la vive compétition internationale à affronter.
Vers un match délétère ?
Trois autres poids lourds seront également sur le ring, se targuant d’offrir un "projet clair et social-réformiste au sein du PS" : il s’agit du maire de Lyon, Gérard Collomb, du président du conseil général des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guérini et du président de la communauté urbaine de Bordeaux, Vincent Feltesse, lui-même soutenu par Jean-Yves Le Drian, président de la région Bretagne, tous trois en caciques locaux jugeant par avance le match Delanoë-Royal « délétère » …
Ségolène Royal devra aussi compter sur les joutes du député Pierre Moscovici présentant aux militants "Socialisme et démocratie" allié avec les députés Arnaud Montebourg et Jean-Christophe Cambadélis.
Et d’autres contributions, plus à gauche, plus exotiques, sont encore aujourd’hui attendues, le sourire aux lèvres par certains.
Finalement, l'essentiel, ce sont les motions qui seront déposées en vue du Conseil national du 20 septembre et qui seront soumises au vote des militants, le 6 novembre. Et le seul, jusqu’ici, qui semble avoir vraiment appris à compter, y compris avec le temps, c’est le maire de Paris, qui allié d’avec les éléphants d’hier et les jeunes pousses prometteuses de demain, pourrait ravir la vedette à tout le monde, au dernier moment, pour autant qu’il se déclare. Mais cela suppose que lui aussi ait … des idées !