Une seule chose semble acquise – et d’ailleurs nous l’avions largement anticipé il y a déjà quelques semaines – l’érosion des deux « grands » candidats paraît inéluctable face au choix proposé par les dix autres et tout particulièrement par l’alternative du report sur le 3ème homme, qu’il s’agisse de François Bayrou ou de Jean-Marie Le Pen.
Vendredi dernier, juste avant Pâques, un institut donnait Le Pen à 12 ou 13 % alors qu’un autre lui attribuait plus de 16% des voix, un score proche de celui qui créa la surprise en 2002. Si l’on peut admettre un écart du fait de l’imprécision naturelle de des statistiques, le grand écart tel qu’il nous est servi est tout simplement inacceptable autant qu’indigeste et l’on peut raisonnablement se demander si la « soupe » qui nous est servie n’est pas parfumée en fonction d’objectifs particuliers qui seraient recherchés, de l’inconscient au subliminal, chez nos compatriotes.
Le tassement de François Bayrou paraît tout autant sujet à caution ; car si son ascension fulgurante a sans doute atteint son asymptote au cours des dix derniers jours, rien ne peut laisser croire qu’il y ait une telle désaffection pour le candidat centriste.
Les mesures faites sur les « petits » candidats prêtent également le flanc à la critique car si l’erreur, en valeur absolue, sur Le Pen peut dépasser les 3 points, comment accepter en toute logique les scores estimés à 1 ou 2% pour tel ou tel prétendant à la magistrature suprême.
Bref, les sondages sont certes utiles car ils ont au moins le mérite de délivrer un instantané sur l’état de l’opinion à un moment précis. En revanche, ils contribuent largement à la désinformation car ils ne sont jamais agrémentés de leur marge d’erreur que pour les instituts connaissent et peuvent calculer.
C’est, d’une certaine manière, jouer avec le feu que fournir quotidiennement ces courbes contradictoires qui seront certainement toutes démenties par les résultats des uns et des autres obtenus au soir du 22 avril.
Alors que la campagne officielle a commencé le lundi de Pâques avec le clip vidéo de José Bové, nous voici désormais tous embarqués dans une période de presque deux semaines au cours desquelles rien, ou presque, ne filtrera, de longs jours au cours desquels plus rien ne permettra, hors les spots TV des candidats, d’avoir un effet discriminant majeur sur les intentions de vote, sauf évènement exceptionnel et surtout sauf la volonté et le pouvoir des votants d’exprimer avec force un message que certains des prétendants n’auraient pas entendu.
Les causes produisent, à peu près, les mêmes effets : si François Hollande, d’une part, balaie d’un revers de la main le spectre d’un nouveau 21 avril et Jean-Marie Le Pen, de l’autre, prépare déjà sa campagne du second tour, ce ne sont là que deux angoissés qui se rassurent en ayant recours à la bonne vieille méthode Coué qui est loin d’avoir toujours fait ses preuves.
Il faut simplement désormais prendre acte que les sondages sont faux et n’ont de valeur que d’être des enquêtes d’opinion. La vérité, elle, se logera dans les urnes. Et les hésitations cette fois iront jusqu’à faire trembler les isoloirs …