Tout oppose a priori le célèbre exilé fiscal Johnny Hallyday et ces agriculteurs rétais solidement ancrés à leur île au large de La Rochelle.

La hausse des prix de l'immobilier a atteint 10 à 15% par an ces trois dernières années sur l île, accroissant le nombre de ceux qu'un élu rétais qualifie de "riches malgré eux".
Solange et son mari, propriétaires d'une autre petite maison, doivent 3.710 euros d'ISF pour un patrimoine déclaré de 1,4 million d'euros.
René Massé, 80 ans, sans lien de parenté avec Solange, raconte pour sa part qu'il a été obligé de vendre un terrain pour régler l'ISF.
S'il ne dit pas combien la vente lui a rapporté, cet ancien viticulteur regrette d'avoir malgré lui contribué au développement de la construction: quatorze maisons s'élèvent aujourd'hui sur son ancien champ de 5200 m2.
Un patrimoine qui lui vaut de payer 16.000 euros d'ISF, alors que sa femme et lui perçoivent 1.180 euros par mois au titre de leur retraite.
L'Association de défense des habitants de l île de Ré (Adhir), à l'origine de la notoriété du "syndrome de l île de Ré", mène depuis deux ans un lobbying appuyé pour la "remise à plat" de l'ISF.
Léon Gendre, le maire de La Flotte, une commune de l île, nuance toutefois la situation.
"Les Rétais aujourd'hui assujettis à l'ISF sont quand même extrêmement chanceux car ils sont propriétaires de terres agricoles devenues constructibles, alors que d'autres possèdent des terres non constructibles qui valent 1 euro le m2", rappelle-t-il.
Sur le fond, Vincent Drezet, secrétaire national du Syndicat national unifié des impôts (SNUI), estime pour sa part qu'on utilise ce "syndrome" comme d'un "cheval de Troie" pour contester l'ISF dans son ensemble.
Mais toute la fiscalité sur le patrimoine contribue à redistribuer les richesses et à réduire les inégalités, ce qui est, rappelons-le, l'un des rôles de l'impôt."