Patrick Couvreur et son équipe ont développé au fil de leurs recherches une méthode plus efficace que les chimiothérapies actuelles pour traiter le cancer. Le professeur Couvreur a en effet mis au point des nanocapsules capables de contenir des principes actifs pour le traitement des cancers. Celles-ci, 70 fois plus petites que des globules rouges, sont transportées vers les cellules malades.
Ce chercheur d’origine belge, qui a déjà déposé 50 brevets et reçu la médaille de l’innovation du CNRS, a ainsi développé une méthode permettant de s'attaquer de manière ciblée aux cellules cancéreuses et sans effets secondaires toxiques alors que les chimiothérapies classiques agissent également sur le tissu sain.
M. Couvreur a notamment réussi à enfermer le principe actif doxorubicine, utilisé pour des chimiothérapies, dans des capsules polymères biodégradables. Ainsi emballée, la molécule a pu être injectée à haute dose, permettant de réduire de 70% les métastases d'un cancer du foie.
Cette découverte est d'autant plus importante que le cancer demeure la première cause de mortalité au niveau mondial. Le Centre international de recherche sur le cancer (IARC) s'attend à ce que 22,2 millions de nouveaux cas de cancers soient diagnostiqués en 2030, ce qui représente une progression de 75% par rapport à 2008.
Les brevets sources d'investissements
La protection par brevet est une condition préalable dans la recherche et le développement pharmaceutique. Le brevet de base de M. Couvreur (EP 1761551 B1) aura un impact majeur sur les futurs accords de licence de ses produits. "Les laboratoires pharmaceutiques sont extrêmement conscients de l'importance des brevets, avant même qu'ils investissent dans le développement ou la production", a ajouté M. Couvreur.
Les brevets permettent également de recevoir des investissements publics, alors que les grands groupes pharmaceutiques réduisent de plus en plus leurs dépenses de recherche.
Des lentilles liquides pour les appareils numériques de demain
Un autre inventeur de génie à être nominé pour le prix de l'inventeur européen 2013 est Bruno Berge. Le fondateur de la PME Varioptic a développé des lentilles liquides autofocus. Ces lentilles, en forme de cônes de moins de 10 millimètres de diamètre, contiennent de l’eau et de l’huile qui ne se mélangent pas. Le focus de la lentille est activé par un courant électrique de quelques milliwatts qui permet de changer la forme de l’huile.
L’absence de pièces mécaniques donne aux lentilles liquides des propriétés inégalées de consommation d’énergie, de taille – elles sont 85% plus légères que les lentilles mécaniques – et de durée de vie. Elles peuvent en effet effectuer plus de 100 millions de cycles de focalisation, alors que les lentilles mécaniques n’en réalisent qu'entre 100.000 et
2 millions.
Ayant en vain tenté d'approcher les grands industriels du secteur, M. Berge a créé en 2002 sa propre start-up, Varioptic, avec le soutien de France Innovation Scientifique et Transfert filiale du CNRS et d’OSEO Innovation. Elle a été rachetée en 2011 par Parrot. Varioptic devrait devenir bénéficiaire au niveau opérationnel en 2013 et dégager un chiffre d'affaires de 3 millions d'euros en 2014.
Avec deux brevets mondiaux et un ensemble de brevets associés valables dans 40 pays, la technologie de base ainsi que les innovations associées sont bien protégés par un important portefeuille de brevets. Les lentilles développées par Bruno Berge au sein de Varioptic s’adressent à de multiples domaines dans l’univers des caméras miniatures pour l’industrie, la biométrie, l’optique médicale et la téléphonie mobile.
"Les demandes de brevets d'aujourd'hui préparent l'innovation de demain", a commenté le président de l'OEB, Benoît Battistelli. Selon ce dernier, "l'Europe n'est pas seulement une région de premier choix pour la recherche et le développement, mais est aussi perçue comme un lieu sûr pour l'innovation par les entreprises exportatrices et créatrices de technologie".
Le Prix de l'inventeur européen 2013
Lancé en 2006, le Prix de l'inventeur européen est remis chaque année par l'Office européen des brevets (OEB). Le prix récompense le travail novateur d'inventeurs et de leurs équipes, dont le travail de pionniers apporte des réponses aux enjeux de notre époque, contribuant ainsi au progrès social, à la croissance économique et à la prospérité. Les propositions de nomination sont remises par le public, les examinateurs de brevets de l'OEB et les offices nationaux de brevets. Les finalistes, et par la suite les vainqueurs, sont sélectionnés parmi les nominés par un jury international composé de spécialistes du secteur de l'économie, de la politique, des médias, de l'université et de la recherche.
En 2013, la cérémonie de remise des prix se tiendra le 28 mai à Amsterdam, aux Pays-Bas, en présence d'un public de haut niveau, notamment Son Altesse royale la princesse Beatrix des Pays-Bas. Pour la première fois, le public a été invité à voter pour le "Prix populaire".