
Les glaneurs : une très grande diversité de profils
Les glaneurs alimentaires sont des personnes qui « récupèrent » de la nourriture à la fin des marchés, dans les poubelles des commerçants ou dans les containers des supermarchés.
L’étude nous apprend que les glaneurs ont des profils très divers, avec toutefois un point commun : les difficultés économiques sont généralement à l’origine de cette pratique. Certains sont très dépendants du glanage et y recourent plusieurs fois par semaine, d’autres le font de façon plus épisodique pour économiser sur le budget alimentaire.
Les glaneurs sont aussi bien des jeunes, des personnes d’âges intermédiaires, que des retraités. Le glanage est mieux accepté chez les jeunes, ou chez les personnes d’âge intermédiaire qui ont toujours « galéré », en revanche, il est mal vécu par ceux qui ont connu une période plus aisée au cours de leur vie. Lorsqu’il s’agit de nourrir une famille, le glanage constitue une solution de secours parmi d’autres.
Le glanage est bien vécu lorsqu’il est perçu comme une « optimisation des ressources disponibles » et peut même perdurer une fois que la situation économique des personnes s’est améliorée.
Le glanage est utilisé en dernier recours et est associé à un fort sentiment de honte lorsqu’il est perçu comme une « exploitation des restes ».
Par ailleurs, les glaneurs ont le plus souvent un logement, mais parmi les personnes interrogées, quelques unes vivent dans la rue. Ces derniers s’inscrivent dans une logique de consommation immédiate, sans préparation, alors que les glaneurs ayant un logement cherchent des produits à cuisiner chez eux.
Le glanage : une pratique précaire, qui nécessite des « compétences »
La pratique du glanage nécessite beaucoup de temps, ce qui explique probablement la faible présence de mères de famille monoparentale dans l’échantillon.
Pour être efficace, le glanage exige une bonne connaissance des lieux propices et de la manière de collecter puis de préparer les produits glanés. L’âge, la fatigue, l’isolement, les difficultés psychologiques, la capacité à nouer des liens avec les commerçants influent également sur l’efficacité du glanage.
Le glanage est une activité précaire, à la fois parce qu’elle est sans garantie sur les volumes et les types de produits disponibles et parce qu’elle est soumise à la concurrence des autres glaneurs.
Dans les marchés comme dans les rues commerçantes, il semblerait que les conditions soient en train de se durcir, rendant particulièrement vulnérables les personnes les plus dépendantes de cette pratique.
L’initiation se fait par l’intermédiaire d’un glaneur déjà expérimenté ou après avoir observé d’autres glaneurs. Le futur glaneur constate alors la diversité des profils et l’absence de marqueurs sociaux stigmatisants, ce qui l’encourage à franchir le pas.
Le recours au glanage intervient généralement après avoir tenté d’autres solutions pour résoudre le problème de l’alimentation : restrictions, recours à l’aide alimentaire, « manche » etc.
Les produits glanés : une bonne image auprès des glaneurs
Les glaneurs considèrent les produits glanés comme consommables, sans danger pour la santé, voire dotés de qualités nutritionnelles et gustatives équivalentes à ceux achetés. En tout cas, ils les préfèrent aux produits distribués par les services d’aide alimentaire car ils sont jugés plus divers et plus frais.
Selon eux, les produits glanés contribuent à assurer une alimentation équilibrée, car il s’agit bien souvent de produits qu’ils n’ont pas les moyens d’acheter comme, par exemple, les fruits et les légumes.
D’ailleurs, sauf lorsqu’il a des enfants à charge, le glaneur a rarement recours à l’aide alimentaire. Il en a une image négative, associée à l’assistanat et à une nourriture peu diversifiée et sans produits frais. Il considère que l’aide alimentaire est réservée à des personnes en plus grande difficulté ou qui ne peuvent recourir au glanage.
Quelles actions à partir de ces constats ?
Martin Hirsch a transmis les résultats de cette étude aux principales associations d’aide alimentaire et à la fédération des entreprises du commerce et de la distribution afin de réfléchir aux moyens de faciliter la mise à disposition des invendus et la diversification des produits proposés par le biais des services d’aide alimentaire.
Le haut commissaire présentera également les résultats de l’étude aux principales associations de lutte contre la pauvreté dans le cadre de la deuxième réunion sur les signaux d’aggravation de la situation des personnes en difficulté.
Pour en savoir plus, le rapport complet est consultable sur le blog : www.toutsurlersa.fr