A peine six mois après l'arrivée de la gauche au pouvoir

Le 17 septembre 1981, le Garde des sceaux de François Mitterrand, Robert Badinter, prononce un discours enflammé à l'Assemblée nationale.
"Aucun homme n'est totalement responsable, aucune justice n'est absolument infaillible, ce qui rend la peine de mort moralement inacceptable", lance l'avocat.
Robert Badinter, avocat, n'a jamais oublié "le claquement sec de la lame sur le butoir" lors de l'exécution un petit matin de novembre 1972 de Roger Bontems, à qui il avait promis: "vous en sortirez".
Si le thème déchaîne les passions d'élus tiraillés entre leur conscience et l'opinion de leurs électeurs (62% des Français sont favorable au châtiment suprême à l'époque), le 18 septembre 1981, 363 députés dont 37 RPR et UDF voteront l'abolition de la peine capitale (contre 117).
Sous le général de Gaulle, 11 condamnés à mort avaient été guillotinés pour des crimes de droit commun et 19 graciés, sous Georges Pompidou trois exécutés et 12 graciés tandis que Valery Giscard d'Estaing laissait monter à l'échafaud trois condamnés dont en 1976 Christian Ranucci, un jeune homme de 22 ans condamné pour le meurtre d'une enfant et qui avait toujours clamé son innocence.
La perpétuité qui augmente de près de 56% entre 1981 et 1988

"Cette banalisation de la perpétuité ou de peines à très longue durée aboutit à transférer le rôle du bourreau au personnel pénitentiaire", déplore un syndicaliste de la profession sous couvert de l'anonymat.
Si le rétablissement de la peine capitale paraît aujourd'hui des plus improbables pour des raisons techniques et politiques dans le contexte européen, 42% des Français y demeurent favorables selon un sondage de septembre.
Politiquement, les Français proches de l'extrême droite sont massivement pour - 89 % chez les partisans du Front national - et 60% des sensibilités proches de l'UMP.