
Les préjugés ont la vie longue. Et pourtant, en quoi être en situation de handicap physique devrait-il empêcher de suivre des études en apprentissage pour devenir gestionnaire de patrimoine à niveau Bac + 5 par exemple ? L’expérience d’Estelle De Bellis montre qu’il n’en est rien !
Pourquoi avoir choisi l’apprentissage ?
Pourquoi pas surtout ! Je souhaitais combiner une formation diplômante et une expérience professionnelle, et profiter de cette complémentarité pour enrichir mon parcours. J’étais intéressée par la gestion de patrimoine, formation offerte par le CFA SUP 2000.
Comment gérez-vous études et handicap ?
Je bénéficie d’un tiers temps supplémentaire à l’université, ainsi que d’un ordinateur adapté, car ayant un problème au coude, j’ai des difficultés à écrire. Je ressens une fatigabilité et des douleurs qui ne me permettent pas d’écrire aussi vite que les autres. Ce temps supplémentaire qui m’est accordé selon la législation en vigueur, me permet de passer les mêmes examens que tout le monde et de suivre des études supérieures comme n’importe quel jeune de mon âge.
Et dans votre entreprise ?
Dans mon entreprise, mon poste de travail a été adapté par la banque dans laquelle je travaille. J’ai un clavier spécial et des stylos particuliers. Par la prise en charge de mon handicap, l’entreprise a ainsi participé à mon entière intégration. Mais, j’ai surtout fait le choix d’un métier dans lequel je n’ai pas trop de notes à prendre, et où les rendez-vous avec les clients sont privilégiés. J’occupe exactement les mêmes fonctions que les autres collaborateurs de mon équipe, il n’y a pas de différences entre nous.
Globalement, quelle expérience tirez-vous de l’apprentissage ?
Une fois qu’on y est, tout se passe très bien ! En réalité, c’est en amont que les difficultés se situent… Il y a en effet beaucoup d’obstacles psychologiques à surmonter de la part des « valides », et en particulier des associations spécialisées dans l’insertion des personnes en situation de handicap. La plupart du temps, ces structures ne savent pas comment accueillir, accompagner et orienter un jeune handicapé qui a envie de se former dans l’enseignement supérieur. Tout cela est très méconnu. Résultat : il y a trop peu de jeunes handicapés qui osent franchir le seuil de l’université pour y suivre de longues études. Il faut donc s’armer de patience pour dépasser ces préjugés, car au final, en entreprise comme à l’université, tout se passe très bien. Je n’ai jamais cherché à dissimuler mon handicap, et on m’a partout réservé le meilleur accueil.