
A leur décharge, l’industrie de la vidéosurveillance sous IP (Internet Protocol) est relativement récente. Le temps et la bonne volonté des uns et des autres n’a pas permis – pas encore – que ces systèmes s’appuient sur des normes qui soient réglementaires. La guerre des standards fait donc toujours rage dans un secteur qui se développe à grand pas et au sein duquel il faudra bien, à moment donné, apporter à chaque étape les recommandations techniques puis les normes puis la réglementation pour que ces systèmes soient homogènes et … interopérables.
Oui, interopérables. Cela signifie qu’aujourd’hui ils ne le sont pas, que deux installations faites avec deux marques différentes ne peuvent communiquer ensemble et donc utilement se compléter sans coûteux développements de passerelles informatiques qui relèvent du traitement du signal jusqu’au traitement logique des données.
Heureusement, il existe des initiatives privées telles que l’ONVIF qui par leur action tentent de faire en sorte que des systèmes d’origines différentes puissent se parler et que l’empilement en cascade de ces systèmes par nature donc hétérogènes ne forment une « Tour de Babel ».
Notons cependant qu’en l’absence désormais provisoire de standards s’est développé sur le marché de la vidéosurveillance un écosystème – certes encore hétérogène – mais au sein duquel chaque acteur s’est engagé, sérieusement, solennellement, à garantir une interopérabilité avec le plus grand nombre possible d’équipements auxquels leurs produits pourraient être connectés.
Pour autant, il reste encore du chemin à parcourir car le logiciel ne fait pas tout, loin s’en faut. En effet, pour valider l’interopérabilité de toutes les « briques » d’un système de vidéosurveillance, il faut s’atteler à un certain nombre de chantiers dont certains sont complexes. Surtout en l’absence totale de référentiel normatif.
Sont concernées par cette démarche toutes les opérations élémentaires, de l’acquisition du signal (l’image) à son transfert et son, stockage en passant par les commandes de bas niveau sur le réseau, le transport des flux, leur stockage et format, les logiciels « temps réels » qui régissent ces opérations, les contrôles d’accès, etc.
Pour être en mesure de déclarer une technologie comme interopérable avec une autre, par définition, ladite technologie devra pouvoir fonctionner avec au moins trois solutions réputées hétérogènes. Cette démarche, presque minimaliste, offrirait ainsi à l’utilisateur existant comme potentiel des garanties de pérennité mais aussi une plus grande liberté de choix au moment des prises de décision, qu’il s’agisse d’un premier investissement ou d’une extension d’une installation existante.
Pour tenter de fédérer constructeurs et éditeurs, M. Gary Goldenberg a fondé en juillet 2009 une association loi 1901, dont il est aujourd’hui président et dont le nom est sans équivoque : le « Forum Open IP-Vidéo », une association qui a démarré tout de suite avec de nombreux concours d’industriels conscients des intérêts convergents qu’ils pourraient tous tirer de travaux mis en commun.
Le « Forum Open IP-Vidéo »s’et fixé une feuille de route permettant d’atteindre aussi vite que possible des objectifs stratégiques pour ouvrir et donc rendre interopérables les systèmes de vidéosurveillance. Cela passe bien sûr par un recensement des acteurs, des normes, des standards y compris de fait mais une fois ce socle édifié le « Forum Open IP-Vidéo » entend bien aussi informer via des études de cas, des livres blancs, des séminaires, de la formation, …
En s’attachant enfin la coopération d’associations professionnelles comme celle de missions institutionnelles à l’instar du Coter Club, d’Ecoter, de l’AN2V, des organismes de normalisation (AFNOR) et/ou de certification (APAVE notamment), O NVIF, … il sera possible bientôt de créer un label le « Open IP-Vidéo Certified » qui viendra certifier que les standards auront été intégrés et que l’interopérabilité des systèmes est garantie.
L’Assemblée générale du « Forum Open IP-Vidéo » s’est tenue jeudi 11 février et a fait salle comble, preuve, s’il en était besoin, des attentes et des industriels et des utilisateurs de signaux positifs allant dans ce sens.