« Il s'agit d'une première étape bienvenue. Mais il faudra être attentifs à sa déclinaison opérationnelle, pour avancer vers un vrai débat démocratique sur ces enjeux et un dispositif ambitieux de dialogue et de réflexion stratégique interministériel et avec la société civile », estime Bernard Pinaud, délégué général du CCFD-Terre Solidaire, 1ère ONG française de développement, et administrateur de Coordination SUD.
Pendant les Assises, les situations d'incohérence entre les objectifs de développement et les choix de nos Etats en matière économique, financière, énergétique, commerciale, ont été largement débattues: flux financiers illicites et évasion fiscale qui siphonnent les ressources des pays en développement, impacts des activités des multinationales sur les populations vulnérables des pays du Sud, développement de la filière d'agrocarburants industriels qui pèse sur les agricultures familiales de ces pays et la sécurité alimentaire mondiale, changement climatique qui affecte en premier lieu les populations rurales des pays du Sud qui n'en sont pas responsables.
«Le CCFD-Terre Solidaire regrette que ce principe de cohérence de l'ensemble de nos politiques publiques pour le développement n'ait pas eu la place qu'il méritait dans le discours du président de la République. Il faut pourtant avancer concrètement pour mettre fin à ces situations d'incohérence, en privilégiant une approche basée sur le respect des droits humains, et mettre en place un dispositif institutionnel structuré pour éviter d'en laisser de nouvelles se développer », précise Bernard Pinaud, qui a animé la participation des ONG au chantier des Assises sur ce sujet.
Par ailleurs, nous regrettons que nos recommandations sur la nécessaire rénovation de la politique française d'aide au développement et la nécessaire exemplarité de l'Etat et de ses opérateurs en matière d'utilisation des fonds publics dédiés au développement n'aient trouvé qu'un faible écho dans le discours du Président. Nous espérions des engagements forts :
- encadrement du recours, au nom du développement, à des intermédiaires financiers ou à des investisseurs privés qui répondent à une logique différente de rentabilité économique. Nous regrettons notamment que la question du partenariat public-privé ait été largement mise en avant, sans que rien ou très peu ne soit dit sur la nécessité d'encadrer les activités des entreprises et s'assurer que leurs impacts négatifs ne coûtent pas plus cher à la société que la richesse qu'ils produisent ;
- rupture avec les pratiques malsaines de l'Aide publique au développement française (aide liée aux intérêts commerciaux des entreprises françaises, politique de prêts irresponsable aux pays en développement, etc).
Et cela renvoie plus globalement à la question de la vision du développement : « La réalisation d'objectifs de développement ne peut être déléguée au seul secteur privé ; il faut au contraire relégitimer l'action publique, réaffirmer la responsabilité collective des Etats pour la défense des biens communs, avancer sur les enjeux de régulation des acteurs économiques mondialisés et inscrire l'action de développement dans un objectif ambitieux de transition écologique, économique, sociale et démocratique globale », conclut Bernard Pinaud.
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