Après les années fastes de 2007-2008 qui avaient vu des chiffres de progression du trafic dépasser les 6% dans les réseaux de transport urbain, 2009 et 2010 ont été moins florissants : +1,1% de fréquentation en 2009 (-1,1% en Ile-de-France) suivi d'une légère progression de +1,4% en 2010, "avec une baisse des recettes et une augmentation des dépenses d'investissement : pour un euro dépensé, on engrange 0,7 euro de recettes", indique l'UTP qui représente les entreprises privées et publiques de transport urbain.
Le premier semestre 2011 ne s'annonce pas sous de meilleurs auspices avec le chômage reparti à la hausse, ce qui entraîne un recul de la mobilité. "Le report modal s'est inversé au profit de la voiture", indique Michel Bleitrach, président de l'UTP et patron de Keolis (groupe SNCF) qui incrimine la crise économique mais aussi l'effet de la prime à la casse.
"Des prévisions de trafic au-delà du possible"
Devant cet effritement de la fréquentation, l'organisation professionnelle est tombé d'accord avec le Groupement des autorités responsables de transport (le GART qui représente les élus locaux en charge des transports) pour dire que "Les opérateurs ont été trop optimistes sur la capacité de leurs équipes à attirer de nouveaux clients", confie Michel Bleitrach.
Faut-il ralentir la course effrénée à laquelle ses livrent les groupes dans leurs engagements de fréquentation lorsqu'ils répondent aux appels d'offres ? Une sorte de code de bonne conduite entre concurrents (Keolis, Veolia Transdev, RATP Dev, CarPostal) pour coller aux réalités du marché.
"Arrêtons des prévisions de trafic au-delà du possible, ce sont de fausses promesses aux élus pour remporter des marchés économiquement intenables ", a lancé Michel Bleitrach.
Gratuité, TER à 1 euro
Dans beaucoup d'agglomérations, les recettes moyennes par passager transporté ont tendance à diminuer, poursuit le patron de l'UTP : en 2009, elles représentaient 0,50 euros par voyage, 0,45 euro en 2010. "Nos marges de rentabilité sont étroites, de l'ordre de 1%, il faut protéger notre modèle économique", a relevé Jean-Marc Janaillac, vice-président de l'UTP et patron de RATP dev, soulignant au passage l'explosion des tarifs sociaux.
"Avec le Gart, nous sommes aussi d'accord sur l'idée que le transport urbain ne doit pas être gratuit. Quant au TER à 1 euro contre 1,40 euros pour un ticket à l'unité dans les bus ou les métros, ce n'est pas très raisonnable", conclue Michel Bleitrach qui prône la "vérité des coûts".