Présentant l’Atlas des sols d'Afrique aujourd’hui lors d’une réunion qui a rassemblé les collèges de la Commission européenne et de la Commission de l’Union africaine à Addis-Abeba, Mme Connie Hedegaard, membre de la Commission européenne chargé de l’action pour le climat, a déclaré: «Les sols d'Afrique ont un rôle central à jouer dans les politiques d'adaptation au changement climatique et d'atténuation de ses effets, et ils constituent la base du développement durable et de la sécurité alimentaire. La productivité des terres est fondamentale pour atteindre un grand nombre des objectifs du Millénaire pour le développement.»
Mme Máire Geoghegan-Quinn, membre de la Commission européenne chargé de la recherche, de l’innovation et de la science, a ajouté: «En fournissant une évaluation complète de cette ressource naturelle limitée, nous espérons attirer l'attention sur la nécessité d’une meilleure protection et d'une gestion durable des sols en Afrique.»
Les déserts et les terres arides représentent 60 % de la surface du continent africain, peuplé de plus d’un milliard de personnes. Une grande partie de la surface restante est composée de sols anciens, très dégradés, qui exigent une attention particulière afin de pouvoir servir à l’agriculture. La croissance démographique et l’urbanisation, combinées à des défis économiques contradictoires (cultures industrielles destinées à l’exportation, production de biocarburants, conservation de la biodiversité, extraction de minéraux, piégeage du carbone), augmentent la pression déjà forte sur les terres. Les sols fertiles et productifs sont essentiels pour lutter contre la faim et constituent un défi particulier en Afrique où, dans de nombreuses régions, l'épandage d'engrais ne parvient pas à compenser la perte en substances nutritives des sols.
Il est actuellement difficile de prendre des décisions en connaissance de cause en raison du manque de données récentes sur les ressources des sols africains. Le JRC, en collaboration avec la FAO et les pédologues africains, lancera une évaluation panafricaine sur l’état des ressources du sol lors de la prochaine conférence de l'Association africaine de la science du sol, qui se déroulera au Kenya en octobre 2013.
L’Atlas des sols est une initiative lancée en collaboration par l’Union européenne, l’Union africaine et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture en vue de soutenir et d'encourager l’utilisation durable des ressources du sol en Afrique et le Partenariat mondial sur les sols pour la sécurité alimentaire.
L’Atlas explique l’origine et les fonctions des sols, décrit les différents types de sols et leur utilité pour répondre aux problèmes tant locaux que mondiaux. Il traite aussi des principales menaces qui pèsent sur les sols et des mesures prises pour protéger les ressources du sol.
Quelques faits essentiels rapportés dans l’Atlas:
98 % des calories consommées en Afrique proviennent des ressources du sol africain.
Les matières organiques du sol peuvent stocker plus de dix fois leur poids en eau, ce qui réduit les risques d’inondation et protège les nappes phréatiques.
Les sols d’Afrique renferment environ 200 gigatonnes de carbone organique, soit 2,5 fois plus que n'en contiennent les plantes du continent.
Les sols des forêts tropicales humides ne sont pas naturellement fertiles mais requièrent l'apport constant en matières organiques du couvert végétal naturel. La déforestation brise ce cycle.
Plus de la moitié de la superficie de l'Afrique se compose de sols sablonneux (22 %), de sols caillouteux peu profonds (17 %) et de sols jeunes peu développés (11 %).
Bon nombre des sols d’Afrique sont sévèrement dégradés par l’érosion et l'épuisement excessif des éléments nutritifs, ce qui explique la faible productivité des sols africains, en raison principalement du manque de nutriments végétaux qui ne sont pas compensés de manière satisfaisante par les engrais chimiques. En raison de la pauvreté rurale, les agriculteurs africains ne peuvent épandre, en moyenne, que 10 % des éléments fertilisants utilisés par les agriculteurs dans le reste du monde.